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Étude > Genèse I > 7 = 6 + 1

7 = 6 + 1 :
la semaine, unité littéraire

Comme nous venons de le voir (cf. § Un cadre numérique), l'auteur expose en 59 x 7 mots l'oeuvre des six jours (1.3-31). Or il est remarquable qu'il n'ait pas choisi d'y ajouter 7 mots (60 x 7), ce qui lui aurait permis de diviser son texte en moitiés égales au mot près (210 x 2). Tout aussi remarquable le fait qu'aucun des six jours ne soit traité en un nombre de mots multiple de 7 (contrairement au septième jour), d'autant que le jeu sur le 69 ([413 + 1] : 6) souligne, par sa proximité, l'absence du 70 (420 : 6). Cette disposition littéraire apparemment intentionnelle suggère que l'auteur

  1. ne considère pas chacun des six jours comme une unité littéraire indépendante et achevée (le 69 en particulier appelle un complément) ;
  2. invite à compléter l'unité des six jours (59 x 7 mots = 6 x 69 - 1) par les sept mots "manquants", les sept mots suivants : l'ouverture sur le septième jour semble pensée par la non fermeture sur lui-même du récit des six jours dans une élaboration en 6 x 70 mots ;
  3. reprend la structure littéraire, classique au Moyen-Orient ancien, du schéma 6 + 1[n1], avec sa division tout aussi commune des six premiers éléments en trois paires[n2] : I-II en 69 mots ; III-IV en 138 mots (2 x 69) ; V-VI en 206 mots ([3 x 69] - 1).

Cette élaboration littéraire liant le septième jour à l'unité des six précédents, selon le schéma classique 6 + 1, participe au propos de l'auteur :

Les six premiers jours se concluent par l'annonce du matin suivant : il y eut un soir et il y eut un matin. Jour 1, 2, 3, 4, 5, 6. Le septième jour (2.1-3) est déjà annoncé par son matin à la fin du sixième (1.31).

Les sept mots du verset 2.1 résument le contenu du chapitre avant l'épilogue de 2.2-3 consacré au septième jour[n3] : Ainsi furent achevés le ciel, la terre et toute leur armée. L'achèvement de l'oeuvre des six jours (1.3-31), l'achèvement de la création (1.1), est constaté en ce point de convergence, au début du traitement du septième jour.

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1. Edward J. YOUNG, Studies in Genesis One (Phillipsburg, New Jersey : P & R Publishing, sans date [1e édition en 1964]), pp. 79-81.

2. Umberto CASSUTO, A commentary on the Book of Genesis, Part I : From Adam to Noah, Genesis I-VI 8 trad. Israel Abrahams (Jerusalem : The Magnes Press, The Hebrew University, 1998), p. 13, qui souligne cette partition interne dans la littérature akkadienne et ougaritique, ne l'a pas discernée ici.

3. Henri BLOCHER, Révélation des Origines, Le début de la Genèse (Collection théologique Hokhma ; Lausanne (Suisse) : Presses Bibliques Universitaires, 1979), p. 55, référence à Bruce K. Waltke, articles sur Genèse 1, Bibliotheca Sacra (1975), 228.

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