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Le jour le plus long

Comme l'indique le menu ci-dessous, le texte abordé ici a été évoqué et l'est encore en de nombreux domaines. Pour qui a déjà connaissance des débats relatifs à la cosmologie et à la chronologie, la lecture pourra ignorer les deux premiers chapitres, sortes d'introduction sommaire à ces questions.

Préambule

Le 6 juin 1944, sur le front de l'ouest, c'est le jour J (The D Day) : Les alliés débarquent en Normandie. Le 6 juin : le jour le plus long, selon les mots du maréchal Rommel à son aide de camp, le capitaine Lang, le 22 avril[n1] :

...Toutes nos forces doivent se trouver le long des côtes. Croyez moi, Lang, les premières vingt-quatre heures de l'invasion seront décisives... Pour les alliés comme pour nous, ce sera le jour le plus long.

Dans un même contexte guerrier, mais beaucoup plus ancien, un autre chef d'armée connut son jour le plus long. Son nom : Josué ; son jour : on en discute et à plus d'un titre... Une version des faits (Josué 10.12s[n2]) :

Alors Josué parla au SEIGNEUR, le jour où le SEIGNEUR livra les Amorites aux Israélites ; sous les yeux d'Israël, il dit : Soleil, tiens-toi immobile sur Gabaon, et toi, Lune, sur la vallée d'Ayyalôn ! Alors le Soleil se tint immobile, la Lune s'arrêta, jusqu'à ce que la nation eût tiré vengeance de ses ennemis...

Josué et la cosmologie

Parmi les débats où l'on en parle, celui de la cosmologie.

La Terre est plate

La Terre est plate ! Impossible d'ignorer la renaissance de cette thèse en Occident quand les sondeurs en découvrent aujourd'hui la popularité (chez 9 % des sondés)[n3] ; et chez des personnes avec ou sans convictions religieuses. Quelques explications, peut-être :

Des motifs de défiance.

Paradoxalement, la thèse de la terre plate a été introduite au XIXe siècle par une poignée d'auteurs voulant démontrer l'opposition du christianisme à la science[n4]. Dans leur vision des choses (de type scientiste), la religion, c'est le camp de l'obscurantisme - terre plate -, la science, le camp du savoir - terre ronde. Une opposition qui s'insère bien dans le discours séculaire contrastant un Moyen-Âge stérile à une Renaissance florissante, un Âge ténébreux aux Lumières de la modernité[n5]. Le message (pour le moins négatif[n6]) passe bien, mais fait aussi de la terre plate un sujet d'actualité, et pour certains, une thèse scientifique à débattre, une occasion de doute envers la science officielle...

Des motifs de confiance.

À l'encontre de la perspective scientiste opposant christianisme et science, (mais en retenant la thèse de la terre plate comme fondée,) le motif à l'origine du mouvement platiste est d'accorder discours scientifique et interprétation des données bibliques : une science alternative prend le contre-pied de la science officielle, comme chez "Parallax", alias Samuel B. Rowbotham (1816–1884). Premier défenseur moderne de la terre plate dans son livre aux trois éditions (16 pages en 1849, 221 en 1865 et 430 en 1881), il fait appel à l'histoire de Josué en soulignant que c'est le Soleil qui s'arrêta dans sa course et non pas la Terre[n7].
Comme le montre le sondage précité, viendront ensuite des personnes éloignées de cette conception initiale, qui soutiendront la thèse en fonction d'autres convictions : des personnes sans religion, comme celles de The Flat Earth Society créée en 1956[n8], et des personnes d'autres religions, comme certains musulmans[n9].

Dans les faits, (au moins) depuis le IIIe siècle avant Jésus-Christ, à part quelques penseurs isolés, tel Lactance (v.250-v.325), les personnes éduquées d'Occident considèrent la terre comme une sphère, un globe, et non comme une étendue plate[n10]. D'autre part, loin de s'opposer aux sciences, les principaux théologiens chrétiens les justifient dans leur théologie - par exemple, Augustin (354-430)[n11] ou Calvin (1509-1564)[n12] -, ce qui ne les rend pas plus savants que les savants eux-mêmes[n13a].

La Terre est au centre du monde

Le système de Ptolémée.

Si la thèse de la rotondité de la terre a été retenue en Occident depuis l'Antiquité, il en fut de même de la thèse du géocentrisme de l'univers. Bien sûr, plusieurs réponses avaient été apportées à la question de situer le centre ou l'axe du monde. Ainsi, un contemporain de Socrate (470-399), Philolaos, pensait que les dix corps suivants tournent autour d'un Feu central : Terre, Soleil, Lune, les cinq planètes [visibles à l'œil nu] (Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne), la sphère des étoiles fixes et l'Anti-Terre. Sa thèse fut écartée par les tenants du géocentrisme, parmi lesquels on retient les plus grands noms : Aristote (384–322), qui deviendra des siècles plus tard le philosophe du catholicisme (avec Thomas d'Aquin [1225-1274]), et Ptolémée (v.100–v.170), dont les oeuvres (l'Almageste, la Géographie) feront autorité jusqu'à la Renaissance. Une autre thèse fut proposée, qui fit pâle figure après les démonstrations d'Aristote, celle d'Aristarque (v.310–v.230), défenseur d'un système héliocentrique où la terre accomplit une rotation sur elle-même en une journée et une révolution autour du soleil en une année.

Le système de Copernic.

Confronté, tout comme d'autres, aux imperfections du système de Ptolémée, Copernic (1473-1543) va réfléchir à un système alternatif, en découvrant notamment les modèles non géocentriques de Philolaos et (sans doute) d'Aristarque, dont il ressuscite la thèse héliocentrique. Il fera d'abord connaître sa pensée à un cercle d'amis sous la forme d'un manuscrit de quelques pages (le Commentariolus, écrit vers 1511-1513), mais il repoussera longtemps l'édition de son oeuvre maîtresse, le De revolutionibus. En fait, c'est son (seul) élève, le luthérien Rheticus (1514-1574), qui commencera à en diffuser les grandes lignes dans sa Narratio Prima, parue en 1540. Avec l'aide de Tiedemann Giese, évêque de Kulm et ami du chanoine Copernic, Rheticus va convaincre son maître de publier ses travaux. Après plusieurs péripéties, l'ouvrage sortira sous le titre De revolutionibus orbium cœlestium en mars 1543, deux mois avant la mort de Copernic.
À l'instar de toute autre matière à discussion - il suffit de penser aux débats de ce début de millénaire sur les causes du réchauffement climatique terrestre ! -, les thèses cosmologiques vont s'affronter et se défendre. Au tout début de la controverse, la thèse de l'héliocentrisme, sans être au coeur des principales polémiques de l'époque, est assez vite connue pour être évoquée en privé ou en public - voir les exemples de Giovanmaria Tolosani, Martin Luther, Andreas Osiander, Philipp Melanchthon, Jean Calvin[n13b]. Et dès le début, l'histoire de Josué figure parmi les textes clés du débat[n14].

Avant de quitter pour un temps le domaine cosmologique, notons que, dans la vie quotidienne, le voyageur sur Terre sera bien avisé d'utiliser un repère géocentrique plutôt que le centre de notre système solaire voire de notre galaxie. En particulier le marin, qui, en cas de panne électronique, aura encore besoin des données de son almanach pour ne pas rater la marée...

Josué et la chronologie

D'après le Pentateuque, (les cinq livres attribués à Moïse,) Josué est l'un des rares membres de la génération de l'Exode qui, d'Égypte, parviendra en Canaan. Il apparaît très tôt comme chef militaire (Exode 17.8ss) et proche assistant de Moïse, qu'il accompagne lors de la conclusion de l'Alliance du Sinaï (Exode 24.12s) - les trois livres de Genèse, Exode et Lévitique se rattachent à la conclusion de cette alliance. À la fin de sa vie, Moïse prépare sa succession, l'entrée et l'installation d'Israël en Canaan, avec un renouvellement de l'Alliance pour la situation future - les deux livres de Nombres et Deutéronome se rattachent à ce renouvellement. Ici commence, à l'est du Jourdain, l'histoire de Josué comme chef d'Israël (Josué 1.1s).

Reste à savoir quand cela eut lieu, car la date de l'Exode (E) fait l'objet de débats : du XVe siècle[n15] au XIIIe siècle[n16] avant Jésus-Christ !

En remontant le temps

Salomon et la division du Royaume.

Salomon (Sn1 - Sn2)
Construction du temple (Sn1 + 4)
           Roboam roi de Juda (Sud)        
Jérusalem soumise au pharaon Shishaq (Sn2 + 5)
                Jéroboam roi d'Israël (Nord)                

Malgré sa réputation de sage, Salomon ne fut pas toujours exemplaire, tant du point de vue religieux que politique. À ses abus de pouvoir, Dieu va répondre par la perte de pouvoir (cf. 1 Rois 11.26ss ; 2 Chroniques 10.15 ; 11.2ss). Sa tentative d'éliminer son ancien collaborateur, Jéroboam, échoue, ce dernier ayant trouvé refuge en Égypte auprès du pharaon Shishaq (cf. 1 Rois 11.40). À sa mort, Jéroboam revient en Israël et demande au nouveau roi, Roboam, d'alléger les tâches imposées au peuple. Mais en vain : le fils de Salomon s'endurcit dans la voie de son père, ce qui entraîne la scission entre le territoire de Juda, qui lui reste acquis, et les dix autres territoires d'Israël, qui prendront Jéroboam comme roi. Cinq ans plus tard, le pharaon Shishaq monte contre Jérusalem, qui évite la destruction mais se retrouve asservie (2 Chroniques 12.1ss).

Salomon va régner à Jérusalem sur tout Israël durant quarante ans (1 Rois 11.42s), de Sn1 à Sn2 (= Sn1 + 40). Il débuta la construction du temple dès sa quatrième année au pouvoir (Sn1 + 4), quatre cent quatre-vingts ans après l'Exode (1 Rois 6.1). En tenant cette dernière donnée pour littérale, l'Exode peut dater approximativement de l'année E (= Sn1 + 4 - 480) ; en la tenant pour figurative - par exemple : 12 x "40" -, l'Exode peut être plus ou moins récent.

David.

David, père de Salomon, régna quarante ans : sept ans à Hébron et trente-trois ans à Jérusalem (1 Rois 2.11 - 2 Chroniques 12.2ss) ; soit de Dd1 (= Sn1 - 40) à Dd2 (= Sn1). Dans la première période à Hébron, Abner, ancien commandant de Saül, intrônisa Ich-Bocheth, le dernier fils de Saül, sur Israël, mais ce règne ne dura que deux ans (2 Samuel 2.10s) avant le ralliement de tout Israël à David.

Le règne de Saül.

Les données temporelles manquent de précision dans le texte hébreu de 1 Samuel 13.1 et sont diversement comprises[n17]. La durée de son règne (Sl1 - Sl2) est généralement évaluée entre 30 ans (mentionnés dans le tableau récapitulatif ci-dessous) et 40 ans.

Période des juges.

Quelle que soit la durée estimée de cette période, elle ne correspond pas à l'addition des années d'activité de ces responsables, parfois contemporains les uns des autres. Selon K.A. Kitchen, la durée minimale est de 170/160 ans[n18]. Selon G.L. Archer, la durée doit être calculée en tenant compte de données jugées approximatives et non figuratives, de 480 ans entre l'Exode et le début de la construction du temple (1 Rois 6.1) et de 300 ans entre l'arrivée d'Israël en Transjordanie et l'intervention du juge Jephté[n19], évoquée maintenant.

Une notice temporelle apparaît en effet en Juges 11.25s. Au dire de Jephté, le jour où le roi des Ammonites lui conteste la propriété de territoires amoréens, (depuis l'Arnôn jusqu'au Yabboq et du désert jusqu'au Jourdain,) cela fait trois cents ans qu'Israël les a conquis, dans les deux dernières années de Moïse (cf. Deutéronome 2.14).

  On peut noter les points suivants :

   1- Si l'on prend cette notice à la lettre, l'Exode aurait eu lieu 338/40 ans plus tôt. Or Jephté fut juge pendant six ans (Juges 12.7), suivi d'Ibtsân sept ans (Juges 12.9s), suivi d'Élôn dix ans (Juges 12.11s), suivi d'Abdôn huit ans (Juges 12.14s) - suivi parfois d'autres noms (durée "x") -, puis des règnes de Saül (trente ans ?), David (quarante ans), et Salomon (Sn1 - Sn2) pour arriver au début de la construction du temple (Sn1 + 4). Jephté aurait donc été juge entre Je1 (= Sn1 + 4 - 105 [- x]) et Je2 (= Sn1 + 4 - 99 [- x]).

   2- Le message de Jephté a été adressé en début de mandat au roi des Ammonites, c'est-à-dire en Je1, soit 105 années [+ x] avant la construction du temple. Selon son propos (pris à la lettre), la date de l'Exode serait alors E = 338/40 + 105 [+ x] = 443/445 années [+ x] avant le début de la construction, ce qui ne cadre avec les 480 années (également prises à la lettre) de 1 Rois 6.1 qu'en postulant une marge "x" d'environ trente-cinq années. Une autre lecture tenant compte des usages peut élargir la perspective de cette notice (peu) diplomatique (par siècle entamé : jusqu'à trois pour une durée supérieure à cent ans)[n20].

Josué et les anciens : Rafles en Canaan.

L'entrée en Canaan eut lieu sous la direction de Josué. L'ancien assistant et successeur de Moïse y avait fait une première visite peu après la sortie d'Égypte (Nombres 10.11s) et avait plaidé avec Caleb pour la conquête immédiate du pays promis. Lors de cette opération d'espionnage, Caleb avait quarante ans ; il en a quatre-vingt-cinq au moment du partage du pays (Josué 14.7ss). Il est donc cohérent de situer ce partage (de territoires qui ne seront éventuellement occupés que plus tard) sept ans après la traversée du Jourdain, vers P (= E + 2 - 40 + 85). Par ailleurs, si Caleb et Josué étaient du même âge, cette période d'incursions militaires initiales en Canaan (10 à 20 ans ?) est comprise entre le passage du Jourdain (= E + 40) et la mort de Josué, âgé de cent dix ans (= E + 2 - 40 + 110 ; Josué 24.29).

Moïse : de l'Égypte au Jourdain.

À la sortie d'Égypte (l'Exode), Israël va rejoindre le Sinaï et n'en partira pour la Terre Promise qu'au cours de la deuxième année (Nombres 10.11s). Peu après, Moïse va envoyer douze espions pour préparer l'entrée en Canaan, mais dix d'entre eux reviendront défaitistes et convaincront le peuple de faire demi-tour, malgré les protestations des deux autres : Josué et Caleb. Le séjour au désert se prolonge.

La période est évaluée à quarante ans (cf. Deutéronome 2.7 ; Nombres 14.27ss et Deutéronome 2.14). Selon la chronologie haute, l'Exode se situe environ 480 ans avant le début de la construction du temple (1 Rois 6.1), soit en E = Sn1 + 4 - 480. Selon la chronologie basse, l'Exode se situe environ en E = Sn1 - 40 [Dd1-Dd2] - 30 [Sl1-Sl2] - 170/160 ans  [juges] - 10/20 ans [Josué] - 40 ans [Exode au Jourdain] = Sn1 - 300/280.

Séjour en Égypte.

La période patriarcale se présente ainsi :

De la naissance d'Abraham à celle d'Isaac :
 100 ans (Genèse 21.5)
Abraham avait 75 ans lors de son départ de Mésopotamie (Genèse 12.4)
De la naissance d'Isaac à celle de Jacob :
60 ans (Genèse 25.26)
De la naissance de Jacob à la descente en Égypte :
130 ans (Genèse 47.9)
Joseph a plus de 37 ans lors de l'arrivée de sa famille en Égypte : Genèse 37.2 [âge : 17 ans], va être vendu en Égypte ; 41.46 rencontre le pharaon [âge : 30 ans] ; 41.47ss est en charge des provisions [7 années d'abondance] avant la famine annoncée.

Un futur séjour de sa famille à l'étranger a été annoncé à Abraham (Genèse 15.13-16). Sa durée : quatre cents ans ; retour en Canaan : à la quatrième génération. Cette équivalence peut s'expliquer par la naissance d'Isaac, le fils de la promesse, alors qu'Abraham est âgé de cent ans.

D'après Exode 12.40, le séjour en Égypte fut de 430 ans avant l'Exode. La version grecque (LXX) cumule un séjour en Égypte et en Canaan, peut-être pour expliciter les 30 années de plus qu'annoncées. Il est en effet possible que les deux lectures se complètent s'il s'agit de souligner la présence de Joseph en Égypte alors que sa famille est encore en Canaan.

D'après Galates 3.16-17, la Loi est survenue quatre cent trente ans après les promesses faites à Abraham et à sa descendance. Voir, par exemple, à Abraham en Genèse 22.18, à Isaac en Genèse 26.4 et à Jacob en Genèse 28.14.

D'après Actes 13.16-22, Paul évalue à environ 450 ans la période antérieure à celle des juges, comprenant sans doute le séjour en Égypte (400 ans), la période au désert (40 ans) et la prise (partielle - cf. Josué 23.1-13 -) de Canaan (7 nations de Deutéronome 7.1) par Josué jusqu'à la répartition des territoires - Josué 14.1-5 - (10 ans).

Dans le sens de l'histoire

De l'Égypte à la Royauté divisée.

Le tableau suivant (avec données avant Jésus-Christ) récapitule les grandes lignes que nous venons d'aborder. Une datation approximative et relative est proposée entre crochets [...] :

ISRAËL
Chronologie longue Chronologie courte
[E - 400]
En Égypte : 400 ans
Avant l'installation en Égypte
[E - 400]



En Égypte : 400 ans





[E(xode)] (= Sn1 + 4 - 480)
Moïse : de l'Égypte au Jourdain en 40 ans
[E + 40]
Josué : Rafles en Canaan sur 10 à 20 ans ?
[E + 60 ?]




Période des juges




[E(xode)]
Moïse : de l'Égypte au Jourdain en 40 ans
[E + 40]
Josué : Rafles en Canaan sur 10 à 20 ans ?
[E + 60 ?]
Période des juges : minimum de 170/160 ans
Début de la royauté :
Saül (Sl1 [= Sn2 - 110 ?] - Sl2 [= Sn2 - 80] = 30 ans (?))
David (Dd1 [= Sn2 -80] - Dd2 [= Sn2 - 40 = Sn1] = 40 ans)
Salomon (Sn1 - Sn2 = 40 ans)
Construction du temple (Sn1 + 4)
         Roboam (Sn2 - ...), roi de Juda (Sud)                  Jéroboam (Sn2 - ...), roi d'Israël (Nord)          


Indices temporels.

1. Avec ses différents calendriers et ses périodes de corégence, la longue chronologie hébraïque des deux royaumes n'est pas facile à dérouler, mais le rapprochement avec les annales d'autres nations du Levant a permis de repérer des synchronismes et, parfois, de dater certains temps forts[n21]. Par exemple :
- dans les annales assyro-babyloniennes (à partir du VIIIe siècle), la prise d'Israël et de sa capitale Samarie en 722 par Sargon II (Assyrien) ou la prise de Juda et de sa capitale Jérusalem en 587/586 par Nabuchodonosor II (Babylonien) ;
- dans le temple de Karnak en Égypte, la campagne militaire en Palestine (926/25) de Shoshenq I, premier pharaon de la XXIIe dynastie, identifié au Shishaq de Salomon, Roboam et Jéroboam, même si Jérusalem n'apparaît pas dans la liste (incomplète) des vill(ag)es conquis(es) lors de la cinquième année de Roboam (2 Chroniques 12.1ss)[n22].

Sauf exception, la question de la chronologie des rois de Juda et d'Israël ne se pose pas dans le débat sur la datation de l'Exode. Partisans des datations hautes ou basses de la sortie d'Égypte s'accordent généralement sur la date de fin du Royaume unifié[n23] : 931/930 avant Jésus-Christ, date de la mort de Salomon (Sn2), cinq ans avant l'intervention de Shishaq en Palestine (Sn2 = - 926/25 - 5).

2. Selon sa stèle de la victoire, (trouvée à Louxor en 1896 de notre ère), le pharaon Merneptah (XIXe dynastie), qui succéda vers 1213 à Ramsès II, son père, mena des expéditions militaires en Lybie et en Canaan (avant) la cinquième année de son règne (1209/1208) : Israël y figure dans la liste des vaincus. C'est, à ce jour, le plus ancien témoignage extra-biblique de la présence d'une entité nommée Israël en Canaan et, si on relie cette présence israélite à l'entrée en Canaan, c'en est l'indication d'une date butoir[n24].

D'après le tableau ci-dessus, l'arrivée d'Israël en Canaan se situe au plus tard en E + 40 = - 931/930 [Sn2] - 40 [Sn1-Sn2] - 40 [Dd1-Dd2] - 30 [Sl1-Sl2] - 170/160 ans [juges] - 20/10 ans [Josué] = -1231/-1210, voire dix ans plus tôt [-1241/-1220] si l'on attribue à Saül un règne de quarante ans.

3. Depuis les publications de Viktor Korošec en 1931, l'étude des traités, lois et alliances des grands rois[n25] du Moyen-Orient ancien a éclairé d'un jour nouveau l'alliance du Sinaï (Exode-Lévitique) et ses renouvellements (Deutéronome et Josué 24). L'un des apports touche à la chronologie : La structure des documents d'alliance, tout en étant stable sur une période donnée, a changé sur le temps long (ca. 2500 - ca 650). Cette observation permet à K.A. Kitchen de situer les textes bibliques parmi les documents de la fin du deuxième millénaire (ca. 1400 - 1200)[n26].

Très brève, cette liste d'indices le sera trop pour qui aurait aimé voir cités d'autres arguments[n27], mais la concision s'impose à cet aperçu du débat.

Synthèse.

En rapprochant ces indices du tableau précédent (et sans réviser les dates jusqu'alors admises), si la campagne militaire en Palestine de Shoshenq I a eu lieu en - 926/25 (§ 1), si l'entrée de Josué en Canaan a eu lieu avant l'intervention du pharaon Merneptah en Canaan vers - 1209/1208 (§ 2), la date de cette entrée en Cisjordanie est :
- pour la chronologie longue, en - 1407/1406 = E + 40 = Sn1 + 4 - 480 + 40 (avec Sn1 = - 40 + Sn2 = - 40 - 926/25 - 5) ;
- pour la chronologie courte, en -1231/-1210 = (- 926/25 - 5) [Sn2] - 40 [Sn1-Sn2] - 40 [Dd1-Dd2] - 30 [Sl1-Sl2] - 170/160 ans [juges] - 20/10 ans [Josué], (voire dix ans plus tôt [-1241/-1220] si l'on attribue à Saül [Sl1-Sl2] un règne de quarante ans).

Si une chronologie courte ne manque pas d'argument (§ 3), la campagne du Sud (Josué 10) peut avoir eu lieu entre le passage du Jourdain (Josué 3s) en -1231/-1210 (voire -1241/-1220) et le partage du territoire sept ans plus tard (cf. § "Josué et les anciens : Rafles en Canaan").

Josué 10 : Un rapport de campagne militaire

Un récit de conquête ordinaire.

Le rapport des campagnes militaires de Josué (ch. 9 à 12) est un récit de conquête typique du Moyen-Orient ancien. Pour ce qui concerne la deuxième campagne (Josué 10), K. Lawson Younger Jr. souligne les cinq thèmes suivants[n28]. :
1- l'usage divin de pierres du ciel sous forme de grêle ou de météore ;
2- la référence aux données astro-nomiques/-logiques (Soleil, Lune) ;
3- les expressions en un seul jour ou en une seule année comme hyperboles ;
4- la demande aux divinités d'augmenter les heures de jour de manière à garantir la victoire ;
5- l'intervention divine sous la forme de miracle/signe.
Même si le rapport des batailles suit un code commun, même si l'usage de l'hyperbole exclut une lecture en tout point littérale, cela n'exclut pas l'historicité des faits rapportés. À titre d'exemple, la stèle de Merneptah présente la victoire du pharaon sur Israël comme définitive : Israël est détruit, sa semence même n'est plus.

Une providence extraordinaire.

Appelé au secours par ses alliés (Josué 10.6), Josué se rend de nuit avec ses troupes de Guilgal à Gabaon. Son arrivée à l'improviste provoque la déroute des Amoréens qui s'enfuient devant Israël et son Dieu (Josué 10.7-10). En effet, cette bataille est avant tout celle de l'Éternel en faveur d'Israël (Josué 10.14) :
- Il met en déroute les adversaires (Josué 10.10) ;
- Il fait pleuvoir la grêle (Josué 10.11) : Les fuyards ont emprunté le chemin qui monte de Gabaon à Beth-Horôn-la-Haute puis descendent par le sentier escarpé qui mène à Beth-Horôn-la-Basse. C'est alors qu'ils voient tomber sur eux du ciel de grosses pierres, des pierres de grêle : d'énormes grêlons qui firent plus de victimes dans leurs rangs que l'épée ennemie.
- Il intervient sur l'activité des astres présents dans le ciel de cette journée (Josué 10.12-14).
Ce concours de circonstances en temps et lieux voulus fait partie de ce que la Bible appelle miracle/signe de Dieu, tels la pluie de grêle parmi les plaies d'Égypte (Exode 9.13ss) ou l'assèchement de la mer des roseaux par un vent d'est, lors de l'Exode (Exode 14.16ss).

Josué 10.12-14 : Le récit du jour J

Que Josué ait attendu de Dieu des conditions propices à une victoire pleine et entière n'a rien d'extraordinaire, on vient de le voir. En témoigne le récit du jour le plus long, comme on l'appelle souvent, ce texte dont voici quelques traits de la composition littéraire.

Un chiasme en 10.12-14.

Indépendamment de sa lecture courante, jusqu'ici proposée dans la traduction, le récit du jour le plus long semble élaboré selon la forme littéraire du chiasme (concentrique) suivant :

A. a- 10.12a Alors Josué parla(it) à l'Éternel, - אָז יְדַבֵּר יְהוֹשֻׁעַ, לַיהוָה -
    b- 10.12b le jour où l'Éternel livra l'Amoréen aux fils d'Israël, - בְּיוֹם תֵּת יְהוָה אֶת-הָאֱמֹרִי, לִפְנֵי בְּנֵי יִשְׂרָאֵל -

B. a- 10.12c et il dit aux yeux d'Israël : - וַיֹּאמֶר לְעֵינֵי יִשְׂרָאֵל -
    b- 10.12d Soleil, arrête-toi sur Gabaon, Et toi, Lune, sur la vallée d'Ayalôn.
                                                               - שֶׁמֶשׁ בְּגִבְעוֹן דּוֹם, וְיָרֵחַ, בְּעֵמֶק אַיָּלוֹן -
        10.13a Et le Soleil s'arrêta, et la Lune se tint [là], - וַיִּדֹּם הַשֶּׁמֶשׁ וְיָרֵחַ עָמָד -

C- 10.13b Jusqu'à ce que la nation eût tiré vengeance de ses ennemis. - עַד-יִקֹּם גּוֹי אֹיְבָיו -

B'. a- 10.13c Cela (n')est(-t-il pas) écrit dans le livre du Juste : - הֲלֹא-הִיא כְתוּבָה, עַל-סֵפֶר הַיָּשָׁר -
     b- 10.13d Le Soleil se tint au milieu du ciel et ne se hâta pas d'aller comme un jour entier.
                   - וַיַּעֲמֹד הַשֶּׁמֶשׁ בַּחֲצִי הַשָּׁמַיִם, וְלֹא-אָץ לָבוֹא כְּיוֹם תָּמִים -

A'. a- 10.14 Il n'y a pas eu de jour comme celui-là, ni avant ni après, où l'Éternel ait écouté la voix d'un
homme ; -  וְלֹא הָיָה כַּיּוֹם הַהוּא, לְפָנָיו וְאַחֲרָיו, לִשְׁמֹעַ יְהוָה, בְּקוֹל אִישׁ -
     b- car l'Éternel combattait pour Israël. - כִּי יְהוָה, נִלְחָם לְיִשְׂרָאֵל -


A-A'- a - Josué parla à l'Éternel / l'Éternel écouta Josué
        b -  Circonstance : Combat de l'Éternel pour Israël
B-B'- a -  Témoins du miracle
        b -  Miracle
C            But militaire atteint[n29].

Une imprécision relative en 10.12.

Ainsi commence le passage où Josué commande aux astres (10.12a) : Alors (אָז) Josué parla(it) à l'Éternel... Cette information ne fait pas forcément référence à une situation postérieure à la pluie de grêlons (10.11), mais, de manière moins précise, aux circonstances évoquées précédemment (10.6-11)[n30]. La suite du verset fournit d'ailleurs une indication temporelle plus large (10.12b) : C'était le jour où l'Éternel livra l'Amoréen aux fils d'Israël.

Le livre du Juste en 10.13.

Le titre de cet ouvrage apparaît deux fois dans la Bible hébraïque, en Josué 10.13 et en 2 Samuel 1.18 (deux fois également dans la Septante, dans ce dernier texte et en 1 Rois 8.53). Deux remarques parmi celles faites à son sujet :

1- La mention d'une source d'information (comme ici le livre du Juste) peut être une précision additionnelle au texte biblique initial. Cela dit, qu'une telle mention soit originale ou non, l'auteur du livre de Josué et celui du livre du Juste sont censés tenir le même discours à cet endroit.

2- Puisque Samuel cite le livre du Juste avec des paroles du roi David (2 Samuel 1.17s), on conclut parfois que l'ouvrage a été rédigé bien après les faits de guerre de Josué (en Josué 10.12c-13b) et en se méprenant sur ce qu'il a demandé et obtenu de Dieu (en Josué 10.13cd)[n31]. Mais pas plus on ne daterait le livre des psaumes d'après les derniers édités, pas plus on ne peut exclure une inscription rapide des grandes figures de la théocratie dans un livre (du Juste) qui semble en avoir été le recueil.

En l'état des données, si l'on tient compte de sa composition littéraire en chiasme, l'auteur de Josué 10.12-14 a délibérément mentionné sa source (1), en considérant son information adéquate (2).

La présence d'hyperboles.

Les versets 10.12-14 pris littéralement, il semble que toute la campagne de Josué contre les Amoréens s'est déroulée en un seul jour : le jour où l'Éternel livra l'Amoréen aux fils d'Israël (10.12b), le jour à nul autre pareil où l'Éternel [écouta] la voix d'un homme (10.14), ce jour de victoire, où la nation [tire ou a tiré] vengeance de ses ennemis (10.13b). Si (ou comme) tel n'est pas le cas, l'auteur emploie l'hyperbole pour communiquer l'impression d'une campagne militaire rapide et complète, impression qu'il renforce par sa mention du retour d'expédition en 10.15, en anticipation de la fin du récit de conquête en 10.42s : Josué prit en même temps tous ces rois et leur pays, car l'Éternel, le Dieu d'Israël, combattait pour Israël. Et Josué, et tout Israël avec lui, retourna au camp de Guilgal.

1- Schéma de l'expédition. Josué est venu de nuit de Guilgal à Gabaon (10.7-9), assiégée par cinq rois (10.1-5). Il y remporte une bataille puis se lance à la poursuite des fuyards jusqu'à Azéqa et Maqqéda (10.10). Parmi les fugitifs, les cinq rois, qui vont se cacher dans la grotte de Maqqéda (10.17). Averti de cela, Josué ordonne de fermer la grotte (10.18) et de continuer la poursuite des ennemis qui battent en retraite vers des villes fortifiées (10.18-20). Le camp de base de Josué devient alors Maqqéda (10.21-28), avant la suite de la campagne (10.29-42) et le retour final à Guilgal (10.43). Il paraît clair que Josué a voulu tirer avantage de la déroute de ses adversaires comme de la décision de l'Éternel de les lui livrer, et qu'il n'a pas interrompu sa campagne vers le sud avant de revenir à Guilgal.

2- Usage de l'hyperbole. En 10.12-14, l'hyperbole la plus facile à repérer par sa formulation concerne la relation entre Dieu et Josué (10.14). Le caractère exceptionnel de leur rapport ce jour-là est décrit comme unique en son genre : Il n'y a pas eu de jour comme celui-là, ni avant ni après, où l'Éternel ait écouté la voix d'un homme. Cette formule, bien comprise, force l'admiration du lecteur envers Josué, mais n'exprime aucune rivalité vis-à-vis d'autres relations divines également jugées exceptionnelles, comme en Ésaïe 41.8 avec Abraham, en Exode 33.11 et Deutéronome 34.10s avec Moïse, en 2 Rois 18.5s avec Ézéchias ou en 2 Rois 23.25 avec Josias. Cet usage de l'hyperbole, fort prisée dans les récits de conquête, apparaît encore sous la plume de notre auteur. Par exemple :
- en Josué 10.20, il est dit que Josué et les fils d'Israël [achevèrent] de porter [à leurs ennemis] un coup terrible au point de les exterminer. Le lecteur est invité à considérer la portée du coup terrible, fatal, définitif - exterminer ! -, juste avant la réserve : à l'exception des rescapés d'entre eux qui échappèrent en arrivant jusqu'aux villes fortifiées.
- en Josué 23.1, le lecteur pourrait conclure qu'avec Josué, Israël n'a plus d'adversaires : L'Éternel avait accordé du repos à Israël, (en le délivrant) de tous ses ennemis d'alentour. Mais il s'avère qu'il reste des nations alentour (23.4), que l'Éternel dépossédera (23.5) ou ne dépossédera pas (23.13), en fonction de la fidélité d'Israël à l'alliance avec Dieu (23.14-16).
Ainsi, lorsque l'auteur écrit en 10.13b que le Soleil et la Lune arrêtèrent (l'une ou l'autre de leur manifestation) avant que / pendant que / jusqu'à ce que (עַד) la nation tire / tirait / eût tiré vengeance de ses ennemis, il convient de prendre la mesure de l'hyperbole :
- La victoire complète est anticipée par la (ou les) victoire(s) d'un jour.
- La victoire complète implique des phénomènes célestes ayant participé aux combats d'un jour.
De fait, la présentation hyperbolique de ce jour ne permet de fixer a priori ni le moment où la victoire est considérée acquise, ni la durée des phénomènes célestes. Cela dit, nous anticipons sur le débat suivant, relatif aux manifestations du Soleil et de la Lune.

L'heure des astres

Comme le souligne l'auteur, mêlant prose et poésie, la stratégie de Josué a reçu l'aval de Dieu (10.14) : ce que Josué a commandé aux astres (10.12) s'est réalisé (10.13).

Le récit du miracle.

Voici comment l'auteur nous le rapporte :

B. a- 10.12c [Josué] :
    b- 10.12d Soleil, arrête-toi sur Gabaon, Et toi, Lune, sur la vallée d'Ayalôn.
                                                               - שֶׁמֶשׁ בְּגִבְעוֹן דּוֹם, וְיָרֵחַ, בְּעֵמֶק אַיָּלוֹן -
        10.13a Et le Soleil s'arrêta, et la Lune se tint [là], - וַיִּדֹּם הַשֶּׁמֶשׁ וְיָרֵחַ עָמָד -

C- 10.13b avant que / pendant que / jusqu'à ce que
             la nation tire / tirait / eût tiré vengeance de ses ennemis. - עַד-יִקֹּם גּוֹי אֹיְבָיו -

B'. a- 10.13c [Le livre du Juste] :
     b- 10.13d Le Soleil se tint au milieu / dans la moitié du ciel et ne se hâta pas d'aller
        comme un jour entier.              - וַיַּעֲמֹד הַשֶּׁמֶשׁ בַּחֲצִי הַשָּׁמַיִם, וְלֹא-אָץ לָבוֹא כְּיוֹם תָּמִים -

1- Schéma du chiasme :

B. b- (10.12d-13a) Descriptif marche - arrêt.

C- (10.13b) La situation précédente est liée à l'obtention de la victoire.

B'. b- (10.13d) Descriptif arrêt - marche.

2- Il faut ajouter à cela que les deux descriptifs sont compatibles du point de vue de l'auteur : Il cite le livre du Juste (B') en rapport avec ce que Josué a demandé et obtenu (B).

3- Il faut alors préciser que le propos de B-C apparaît comme une hyperbole (figure d'amplification, d'exagération - cf. § La présence d'hyperboles -) et celui de B' comme une information factuelle.

Les verbes des astres en 10.12-13.

B. a- 10.12c [Josué] :
    b- 10.12d Soleil, arrête-toi (דּוֹם) sur Gabaon, Et toi, Lune, sur la vallée d'Ayalôn.
         10.13a Et le Soleil s'arrêta (וַיִּדֹּם), et la Lune se tint (עָמָד) [là],

C- 10.13b avant que / pendant que / jusqu'à ce que
             la nation tire / tirait / eût tiré vengeance de ses ennemis. - עַד-יִקֹּם גּוֹי אֹיְבָיו -

B'. a- 10.13c [Le livre du Juste] :
     b- 10.13d Le Soleil se tint (וַיַּעֲמֹד) au milieu / dans la moitié du ciel
                   et ne se hâta pas d'aller (אָץ לָבוֹא) comme un jour entier.

- B. 10.12cd. L'ordre de Josué, arrête-toi (דּוֹם), concerne le Soleil et la Lune ;
- B. 10.13a. Son exécution est formulée par ce même verbe pour le Soleil, il s'arrêta (וַיִּדֹּם), et par un autre verbe pour la Lune, elle se tint (עָמָד) ;
- B'. 10.13cd. La précision sur ce qui s'est passé est exprimée par ce deuxième verbe pour le Soleil dans le livre du Juste, il se tint (וַיַּעֲמֹד) - On notera qu'il n'est pas question de la Lune en B'. C'est sur ce verbe que semblent se rapprocher les deux livres, comme les deux parties du chiasme (B et B') avec une première mention en 10.13a pour la Lune.
- B'. 10.13d (suite). Le descriptif final ajoute un aspect dynamique, mais anormalement lent, du Soleil (וְלֹא-אָץ לָבוֹא).

Qu'a obtenu Josué ?

Soleil, arrête-toi (דּוֹם) sur Gabaon, Et toi, Lune, sur la vallée d'Ayalôn.
Et le Soleil s'arrêta (וַיִּדֹּם), et la Lune se tint (עָמָד)

Comme vous le savez, le sens des mots se comprend en contexte. Or, que ce soit en langage ordinaire ou en formulation imagée, les propos relatifs à des astres comme le Soleil et la Lune ne manquent pas d'arrière-plans possibles au Proche-Orient ancien : astrologie, astronomie, météorologie, religion...

1- Le contexte de la mécanique céleste (astronomie). Avec l'image du Soleil en coureur peu pressé de se coucher en B'b (10.13d), l'ensemble du discours (10.12-14) peut être lu sur fond de mouvement des astres. Josué aurait obtenu un arrêt de ce mouvement, c'est-à-dire une prolongation de l'éclairage céleste en vue d'une victoire complète. C'est l'interprétation traditionnelle, avec ses deux versions géo- ou hélio-centriques : pour l'observateur du phénomène, soit le Soleil a arrêté de tourner autour de la Terre (géocentrisme cosmologique), soit la Terre a arrêté ou ralenti son mouvement autour du Soleil (héliocentrisme cosmologique). Dans leur commentaire sur ce texte, Keil et Delitzsch hésitent entre cette description objective - il y a eu prolongation réelle du jour - et une description subjective - l'extraordinaire activité produite ce jour-là sembla presque le double d'une journée ordinaire[n32]. On notera, au passage, que la découverte scientifique d'un jour manquant est un canular[n33] !

2- Le contexte des éclipses (astronomie). La thèse a été défendue sur le plan linguistique par Robert Dick Wilson en 1918 : Il note l'usage des mêmes racines verbales en écriture cunéiforme pour la description d'éclipses dans des tablettes d'astronomie babylonniennes[n34]. En 1972, J.F.A. Sawyer chercha les éclipses solaires totales s'étant produites dans la région de Gabaon sur une période très large (de -1500 à -1050)[n35]. Il trouva une seule éclipse, le 30 septembre -1131 - une autre avait eu lieu le 19 août -1157, mais trop au sud -. Comme cette date de -1131 est de loin postérieure à celles envisagées pour l'entrée d'Israël en Canaan - un aperçu du débat ici - et qu'en outre, la distinction entre éclipses totales et annulaires est relativement récente, l'enquête a été complétée pour ces dernières[n36] et aboutit à une seule date sur toute la période : le 30 octobre -1207, dans l'après-midi.
Comme on le voit, le phénomène est rare à l'aune d'une vie d'homme, sans être pour autant inconnu. Il est d'ailleurs fort possible qu'un Josué ayant vécu l'Exode au XIIIe siècle ait pu lui-même être témoin ou avoir rencontré des témoins de l'éclipse annulaire qui parcourut la basse vallée du Nil et la péninsule du Sinaï le 20 décembre -1247[n37].
Si le contexte des éclipses était le bon, le 30 octobre -1207 serait alors la date de la bataille de Gabaon et l'entrée en Canaan aurait eu lieu après -1214 (si le partage du pays par Josué est postérieur à cette campagne militaire) et avant -1209/-1208 (année d'intervention du pharaon Merneptah) -  voir ici le résumé du chapitre chronologie.

3- Le contexte des augures (astrologie). Comme au point précédent, le vocabulaire de Josué 10.12 trouve écho dans la littérature de Mésopotamie (en particulier assyrienne), cette fois dans le domaine astrologique. Le positionnement de la Lune (au couchant) et du Soleil (au levant) est notamment souligné comme un bon présage s'il tombe le 14 du mois et un mauvais s'il a lieu le 13 ou le 15[n38]. Le jour où Josué aurait demandé ce positionnement des astres diffère alors selon les interprètes. Certains envisagent une demande de bon augure, qui pourrait être voulue de manière ironique - un jour de défaite pour les Amoréens, malgré la présence d'un bon présage dans leur ciel -, d'autres y voient une demande de mauvais augure aux yeux d'adversaires attentifs aux signes astraux, afin de créer la panique dans leurs rangs et les mettre en déroute[n39].

4- Le contexte des intempéries (astrononomie - météorologie). Autant l'allusion au positionnement du Soleil (sur Gabaon) et de la Lune (sur la vallée d'Ayalôn) en 10.12 peut interpeller l'astronome, autant l'inscription de ces circonstances dans celles du récit précédent (10.6ss) retient l'attention du météorologue (avec la grêle en 10.11). Au lieu du mouvement des astres, c'est leur fonction de luminaire dont Josué aurait commandé l'arrêt, soit à midi pour certains[n40], soit tôt le matin pour d'autres[n41].

En résumé. Voilà une liste (non exhaustive !) d'éventuels contextes pour ce jour le plus long et une pluralité d'interprétations plausibles. De quoi mettre dans l'embarras du choix, voire même dans l'obligation de suspendre son jugement[n42] ; en prenant toutefois conscience que ce texte apparaît
- de faible enjeu, question doctrine : la majorité des lectures est défendue aussi bien par des interprètes attachés à l'inspiration des Écritures que par les autres lecteurs ;
- et d'un intérêt discutable, question sciences : absence de consensus quant aux faits évoqués par l'auteur.

Avis révisé

Après avoir souligné l'absence de consensus, je terminerai maintenant par quelques indices qui retiennent mon attention.

Matin, midi, après-midi en B.b (10.12d-13a) ?

À un moment donné, Josué émit cet ordre : Soleil, arrête-toi (דּוֹם) sur Gabaon, Et toi, Lune, sur la vallée d'Ayalôn. Ce qui peut donner lieu à plusieurs remarques :

1- Du point de vue littéraire, la référence au Soleil et à la Lune est d'autant plus remarquable en 10.12d-13a (B.b) qu'il n'est plus question de la Lune en 10.13d (B'.b). Mais l'implication des deux astres (10.13a) dans la victoire (10.13b) montre que l'auteur ne voit pas dans la formule de Josué un exercice de pure rhétorique, avec une mention de la Lune ne servant qu'à équilibrer une adresse poétique au Soleil.

2- Du point de vue religieux, l'auteur n'associe pas un dieu solaire à la ville de Gabaon ni un dieu lunaire à la vallée d'Ayalôn, pas plus qu'il n'identifie l'Éternel à pareille divinité ou à Baal, dieu de l'orage (cf. 10.11)[n43]. Si Josué personnifie le Soleil et la Lune, il les commande en tant que créatures du Créateur, Seigneur des cieux et de la terre ; l'allusion aux divinités cananéennes, s'il en est une, apparaît polémique.

Matin, midi, après-midi en B'.b (10.13d) ?

Dans la citation du livre du Juste, en 10.13d (B'.b), il est possible de traduire בַּחֲצִי הַשָּׁמַיִם par au milieu du ciel ou dans la moitié du ciel : Le Soleil se tint au milieu / dans la moitié du ciel. Il est donc possible de situer le Soleil à midi ou dans l'une ou l'autre des moitiés de la journée, le matin ou l'après-midi ; à moins que la fin du verset ne soit plus précise.
Voyons la suite. Le Soleil y est décrit sous le vocable classique du coureur à pied, mais ici comme un coureur qui prend son temps, qui ne se hâte pas (וְלֹא-אָץ). La question se pose alors : Il ne se hâte pas, mais de quoi faire (לָבוֹא) ?
a- D'aller [ou d']entrer, d'effectuer quelque transition d'une section à une autre, propose John Walton en optant pour une entrée du Soleil à son lever[n44].
b- D'aller ou d'entrer, certes, mais toujours au sens de se coucher lorsqu'il s'agit du Soleil :
     - en langage ordinaire (telles les expressions anthropocentriques lever ou coucher du soleil en français), la formulation classique du coucher de soleil se fait avec ce verbe, בוֹא, et celle du lever de soleil par d'autres verbes, le plus souvent זָרַח (cf. Ecclésiaste 1.5 ; Psaume 113.3 ; Josué 1.4, 1.15, 8.29), mais aussi יָצָא (cf. Genèse 19.23 ; Juges 5.31).
     - en langage plus imagé, le lever du soleil est associé au fait de sortir de sa chambre en début de journée (cf. Psaume 19.5-7).
Le descriptif de B' concerne donc, au moins, l'après-midi jusqu'au coucher du soleil, ce qui écarte tout phénomène exclusivement matinal.

Lumière ou ténèbres.

1- L'enjeu de la Lune. Comme on l'a vu (cf. Qu'a obtenu Josué ?), la demande de Josué peut porter sur un éclairage particulier des astres (signe astrologique, augmentation de la durée du jour) ou sur un arrêt de l'éclairage (intempéries météorologiques, éclipse). Si Josué a demandé un signe astrologique, la lune doit être présente dans le ciel au lever du Soleil ; s'il a demandé des ténèbres, la Lune ne doit pas éclairer la Terre, une fois le Soleil occulté ; s'il a demandé un allongement du jour, il n'y a pas lieu de s'inquiéter de l'(in)activité lunaire.

2- L'unité de jour en 10.12-14. Si les deux parties du chiasme concernent bien le même jour, ce que Josué a demandé et obtenu (cf. Matin, midi, après-midi en B.b (10.12d-13a) ?) est à rapprocher de ce qui se passe dans l'après-midi (cf. Matin, midi, après-midi en B'.b (10.13d) ?). Un phénomène exclusivement matinal, comme le signe astrologique d'une opposition entre le Soleil à son lever et la Lune à son coucher, semble donc exclu.

3- Le jour de l'Éternel. Ce que l'auteur raconte en 10.12-14, c'est le jour où l'Éternel livra l'Amoréen aux Israélites (10.12 - A.b), car l'Éternel combattait pour Israël (10.14 - A'.b).

3-a Avis précédent. Pour les motifs suivants, il me semblait que Josué avait demandé des ténèbres (10.12d), qu'il les avait obtenues (10.13a), grâce à la météorologie ou à une éclipse (voire peut-être aux deux), et que le Soleil et sa lumière n'étaient ressortis qu'en cours d'après-midi (10.13d) :
On l'a vu (cf. Une imprécision relative en 10.12), ce jour est celui où l'Éternel mit la coalition des Amoréens en déroute de Gabaon à Beth-Horôn jusqu'à Azéqa et Maqqéda (10.9-10), en les frappant notamment dans la descente de Beth-Horôn jusqu'à Azéqa par un déluge de grêlons (10.11). Or l'obscurité, qui fait partie des plaies d'Égypte tout comme les grêlons (Exode 9.13ss ; 10.21ss), apparaît liée au jour de l'Éternel, jour de son jugement, qu'il s'agisse d'une description factuelle ou non (cf. Amos 5.20 ; Ésaïe 13.9s ; Ézéchiel 32.7s ; Joël 2.10, 31 (ou 3.4) ; etc.). On la retrouve en Apocalypse 6, avec l'ouverture du sixième sceau, où l'imagerie de l'ébranlement du monde (6.12-14) et de la fuite des hommes devant Dieu et son Messie (6.15-17) s'inspirent notamment de Josué 10.

3-b Avis présent. Pour les motifs suivants, il me semble que Josué demanda une longue journée (10.12d) :
- le contexte guerrier du Proche Orient Ancien suggère ici la prière classique en vue de mener à terme une bataille décisive (cf. Josué 10 : Un rapport de campagne militaire) ;
- sans doute inspiré par la situation sous ses yeux, Josué demande le maintien présent de l'éclairage du champs de bataille : cumul des deux grands luminaires (Soleil et Lune) et arrêt de leur course céleste (10.12d-13a). Or, si l'aspect statique (marche-arrêt des astres) est ici amplifié pour couvrir tout le jour J (10.12d-13a), l'aspect dynamique (arrêt-marche) est privilégié dans l'explication plus prosaïque du verset 10.13c-d, où le Soleil ne se hâte pas de se coucher. Pour l'auteur du chiasme, les deux registres de discours n'étaient pas incompatibles, ce qui ne nous avance pas beaucoup sur la qualité objective ou subjective de l'allongement de cette fameuse journée.

Conclusion

Plus d'un mois avant le 6 juin 1944, Rommel parlait du jour le plus long en pensant que les premières vingt-quatre heures de l'invasion [seraient] décisives. Trois millénaires plus tôt, Josué était venu de nuit au secours de ses alliés et avait remporté une victoire décisive ce premier jour, symbole de sa campagne militaire vers le Sud (Josué 10).

Comme nous l'avons vu, le récit de ce jour de guerre est apparu en de nombreux débats. Le plus animé sans doute, au cours des derniers siècles, concernait la cosmologie ; par exemple, entre partisans d'un arrêt du cosmos en Josué 10 et ceux d'avis contraire (Jérémie 33.20, 25), entre tenants du géocentrisme et ceux de l'héliocentrisme, et dernièrement, entre défenseurs de la terre plate et ceux de la terre ronde. Je n'ajouterai rien ici à ces controverses, si ce n'est le rappel d'autres priorités :
- Plus importante, la sérénité des débats, quand la doctrine n'est pas en jeu. Or la majorité des interprétations de Josué 10.12-14 a été défendue par des auteurs sans conteste orthodoxes.
- Plus important encore, le message biblique à l'attention de ceux qui l'ignorent : le Dieu vivant et vrai viendra en jugement. Ainsi l'annonçait l'apôtre Paul :

Dieu, sans tenir compte des temps d'ignorance, annonce maintenant à tous les hommes, en tous lieux, qu'ils aient à se repentir, parce qu'il a fixé un jour où il va juger le monde selon la justice, par un homme qu'il a désigné, et il en a donné à tous (une preuve digne de) foi en le ressuscitant d'entre les morts... (Actes 17.30s)

Son nom : Jésus. Son jour : il vient.

T.P., 09 novembre 2019
avis révisé le 02/04/2024

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1. Le jour le plus long (The Longest Day), qui sera le titre du journaliste Cornelius RYAN pour son livre publié en 1959, à la base du scénario du film fameux sorti en 1962.

2. Josué 10.12s. Traductions : La Nouvelle Bible Segond et autres traductions en ligne ici. Texte hébreu en ligne ici.

3. Ifop pour la Fondation Jean-Jaurès et Conspiracy Watch, Enquête sur le complotisme, décembre 2017 (données pages 88 et 89) : sur l'échantillon de Français choisis par l'Ifop, pour 9% de catholiques, 12% d'une autre religion et 11% de sans religion, il est possible que la Terre soit plate et non pas ronde comme on nous le dit depuis l’école.

4. Auteurs ayant présenté la terre plate comme cosmologie officielle en Occident : l'écrivain Washington Irving (1783-1859), amateur de fictions historiques, dans son livre sur Christophe Colomb, publié en 1828 ; Antoine-Jean Letronne (1787-1848), titulaire de la chaire d’histoire au Collège de France, dans un article de 1834 dans la Revue des deux mondes où il présente la thèse de Lactance (une terre plate) comme la position majoritaire des Pères de l’Église ; John William Draper (1811-1882), dans une Histoire du conflit entre la religion et la science, publiée en 1874 ; Andrew Dickson White (1832-1918), fondateur de l’Université Cornell en 1865 (la première Université séculière aux États-Unis), dans son Histoire de la guerre entre la science et la théologie dans le monde chrétien, publiée en 1896.

5. Cf. Pierre ROPERT, Des paysans sales et affamés à l'obscurantisme : six clichés sur le Moyen Âge (06/09/2018 - mis à jour à 10:00), article publié sur le site de France Culture.

6. Comment se fait-il qu'avant le XIXe siècle, lors de la Renaissance ou au Siècle des Lumières, personne n'ait songé à dénoncer ce qui aurait été la thèse officielle du Moyen-Âge ?
La question se pose : au Moyen-Âge, quelle figure du monde ? La preuve par l'Art :

Image de terre plate, tirée du livre ''L'atmosphère: météorologie populaire'' (Paris, 1888) de Camille Flammarion ; Elle est expliquée par cette légende : ''Un missionnaire du moyen âge raconte qu'il avait trouvé le point où le ciel et la Terre se touchent...'' Description: terre circulaire (comme un globe en coupe verticale) avec deux personnages partant du haut en directions opposées et finissant par se rejoindre en bas.

XIXe siècle : À gauche, image d'une gravure issue du livre de Camille FLAMMARION, L'atmosphère : météorologie populaire (Paris, 1888), page 163. Dessin d'une terre plate annoté de cette légende : Un missionnaire du moyen âge raconte qu'il avait trouvé le point où le ciel et la Terre se touchent... Le thème - pas la source - de cette composition remonte probablement à un argument d'Archytas (v.430-v.350) en faveur de l'illimité du monde : Si je me trouvais à la limite du ciel, autrement dit sur la sphère des fixes, pourrais-je tendre au-dehors la main ou un bâton, oui ou non ? Certes, il est absurde que je ne puisse pas le faire ; mais si j'y parviens, cela implique l'existence d'un dehors, corps ou lieu.
XIVe siècle : À droite, illustration d'un poème de Gossuin de Metz (XIIIe siècle), L'image du monde : terre sphérique (un globe en coupe verticale) avec deux personnages partant du haut en directions opposées et finissant par se rejoindre en bas. Copie du début du XIVe siècle (Manuscrit sur parchemin, 22 x 11 cm BnF, Manuscrits, Fr. 574 fo 42 - © Bibliothèque nationale de France - exposition à visionner ici -).

Pour une synthèse historique des débats sur la forme et la taille de la terre, voir l'article de Vincent DEPARIS (Maison des Sciences de l'Homme - Alpes, Grenoble), publié le 15 juin 2001 sur le site Planet-terre - ENS de Lyon - Eduscol : La forme de la Terre : plate, oblongue ou aplatie aux pôles ?, article en ligne ici. Pour une approche expérimentale de la question La Terre est-elle plate ?, voir la présentation vidéo (20 octobre 2018) de la chaîne "youtube" Les idées froides en ligne ici.

7. Cf. ''PARALLAX'', Zetetic Astronomy. Earth not a globe... (Londres, 1865) pp. 188ss - livre en ligne ici -.

8. Voir le site en ligne de The Flat Earth Society. Ici, un extrait de FAQ : Is flat earth theory connected to a religion? Flat earth theory is neither officially nor unofficially associated with any religion. Throughout the ages various religious institutions have championed a flat earth model for the world. Unfortunately this leaves us with the vestigial thought that flat earth theory and religions are symbiotic. They are not, even though many religions today, both mainstream and otherwise, still teach its followers that the world is flat. While they are not incorrect, believing in a flat earth isn't contingent upon believing in a deity or being a part of any religion.

9. Site wikiislam.net, article Le Coran et la Terre plate : La terre est plate. Quiconque clame qu'elle est sphérique est un athée méritant un châtiment. - Cheikh 'Abdul-'Aziz Ibn Baaz, autorité religieuse suprême d'Arabie Saoudite, 1993.

10. Jeffrey Burton RUSSELL, The Myth of the Flat Earth, A paper by Jeffrey Burton Russell for the American Scientific Affiliation Annual Meeting August 4, 1997 at Westmont College summarizing his book Inventing the Flat Earth: Columbus and Modern Historians (1997).

11. AUGUSTIN, De la Genèse au sens littéral, Livre 1 Chapitre XIX. IL FAUT S'INTERDIRE TOUTE ASSERTION HASARDÉE DANS LES PASSAGES OBSCURS DES SAINTS LIVRES : ...39. Qu'arrive-t-il encore? Le ciel, la terre et les autres éléments, les révolutions, la grandeur et les distances des astres, les éclipses du soleil et de la lune, le mouvement périodique de l'année et des saisons; les propriétés des animaux, des plantes et des minéraux, sont l'objet de connaissances précises, qu'on peut acquérir, sans être chrétien, par le raisonnement ou l'expérience. Or, rien ne serait plus honteux, plus déplorable et plus dangereux que la situation d'un chrétien, qui traitant de ces matières, devant les infidèles, comme s'il leur exposait les (156) vérités chrétiennes, débiterait tant d'absurdités, qu'en le voyant avancer des erreurs grosses comme des montagnes, ils pourraient à peine s'empêcher de rire. Qu'un homme provoque le rire par ses bévues, c'est un petit inconvénient; le mal est de faire croire aux infidèles que les écrivains sacrés en sont les auteurs, et de leur prêter, au préjudice des âmes dont le salut nous préoccupe, un air d'ignorance grossière et ridicule.

12. Jean CALVIN, L'institution chrétienne (Editions Kerigma et Farel, 1978) livre 2 Chapitre II A. CORRUPTION DE L'INTELLIGENCE ... [15] Quand donc nous voyons aux écrivains païens cette admirable lumière de vérité, qui apparaît en leurs livres, cela nous doit admonester que la nature de l'homme, bien qu'elle soit déchue de son intégrité et fort corrompue, ne laisse point toutefois d'être ornée de beaucoup de dons de Dieu. Si nous reconnaissons l'Esprit de Dieu comme une fontaine unique de vérité, nous ne contemnerons [mépriseront] point la vérité partout où elle apparaîtra, sinon que nous voulions faire injure à l'Esprit de Dieu : car les dons de l'Esprit ne se peuvent vilipender sans le contemnement et opprobre de cet Esprit (...) [16] ...il ne faut pas oublier que toutes ces grâces sont don de l'Esprit de Dieu, qu'il distribue à qui bon lui semble, pour le bien commun du genre humain... Or si le Seigneur a voulu que les iniques et infidèles [incroyants] nous servent à entendre la physique, dialectique et autres disciplines, il nous faut user d'eux en cela, de peur que notre négligence ne soit punie, si nous méprisons les dons de Dieu là où ils nous sont offerts....

13.a/b Sur Tolosani, voir Michel-Pierre LERNER, Aux origines de la polémique anticopernicienne (I) L'Opusculum quartum de Giovanmaria Tolosani [1547-1548] (Revue des sciences philosophiques et théologiques 2002/4 (Tome 86), pages 681 à 722 en ligne ici -) ; Sur Luther, Osiander et Melanchthon, voir Michel-Pierre LERNER, Aux origines de la polémique anticopernicienne (II) Martin Luther, Andreas Osiander et Philipp Melanchthon (Revue des sciences philosophiques et théologiques 2006/3 (Tome 90), pages 409 à 452 en ligne ici -) ; Sur Calvin, voir Richard STAUFFER, Calvin et Copernic (Revue de l'histoire des religions Année 1971 / 179-1 / pp. 31-40 en ligne ici -) et Edward ROSEN Calvin n'a pas lu Copernic (avec une Note additionnelle de R. STAUFFER) (Revue de l'histoire des religions Année 1972 / 182-2 / pp. 183-186 en ligne ici -).
Pour une synthèse historique des débats sur la structure du monde, voir les trois articles de Vincent DEPARIS (Lycée Jean Monnet - Annemasse) édités sur le site Planet-terre - ENS de Lyon - Eduscol : La structure du Monde (1/3) Du cosmos des mythologies au géocentrisme, publié le 19 mai 2017 ; (2/3) Du géocentrisme à l'héliocentrisme, publié le 24 mai 2017 ; (3/3) La nouvelle astronomie, publié en 2017.

14. Voir un propos de table de Luther le 4 juin 1539 : lien en  note 13. Voir une lettre de Galilée écrite en 1615 : Maurice CLAVELIN, Revue d'histoire des sciences Année 1964 / 17-4 / pp. 338-368 Lettre à Mme Christine de Lorraine, Grande-Duchesse de Toscane (Traduction de François RUSSO) : longue lettre que Galilée conclut par son interprétation du récit de Josué (pp. 358 (2e partie), 363-365) et sa conséquence (p. 366) - lettre de Galilée en ligne ici. Une introduction à cette lettre est proposée par François RUSSO, juste avant : Revue d'histoire des sciences Année 1964 / 17-4 / pp. 331-338 Lettre de Galilée à Christine de Lorraine, Grande-Duchesse de Toscane (1615) - introduction en ligne ici - .

15. Par exemple, Gleason L. ARCHER, Introduction à l'Ancien Testament (Saint-Légier, Suisse : Ed. Emmaüs, 1978), pp. 250ss.

16. Par exemple, Kenneth A. KITCHEN, On the Reliability of the Old Testament (Grand Rapids, Michigan (U.S.A.) / Cambridge (U.K.) : W.B. Eerdmans Publ. co., 2003 - paperback 2006 -), pp. 8, 30 (Roboam et Jéroboam), p. 83 (Saül, David, Solomon), p. 202 (Construction du temple), p. 166 (conquête en 10/15 ans).

17. Exemples : Bible Segond à la colombe, Saül était âgé de ... ans, lorsqu'il devint roi, et il avait déjà régné deux ans sur Israël. Kenneth A. KITCHEN, op. cit., p. 83 estime le règne à [3]2 ans. La Bible d'étude version du Semeur avance un règne de [4]2 ans (en s'appuyant notamment sur Actes 13.21) : Saül était âgé de [trente] ans à son avènement et il régna [quarante]-deux ans sur Israël.

18. Kenneth A. KITCHEN, op. cit., p. 202ss.

19. Gleason L. ARCHER, op. cit., pp. 252ss.

20. Sur les nombres, voir : Kenneth A. KITCHEN, op. cit., pp. 203, 209 ; Brian TIDIMAN, Précis d'histoire biblique (Nogent-sur-Marne, France : Éd. de l'Institut Biblique, 2006), p. 113.

21. Gleason L. ARCHER, op. cit., pp. 326ss § Problèmes de chronologie.

22. Kenneth A. KITCHEN, op. cit., p. 24. Alan MILLARD, Texts and Archaeology: Weighing The Evidence. The Case for King Solomon (Palestine Exploration Quarterly, January-June 1991: pp. 19-27) - en ligne ici - .

23. Datation basse : Kenneth A. KITCHEN, op. cit., pp. 30, 83. Datation haute : Gleason L. ARCHER, op. cit., pp. 328, 556.

24. Kenneth A. KITCHEN, op. cit., pp. 138, 159, 220.

25. D'après le titre de Meredith G. KLINE, The Treaty of the Great King (1963), relatif au Deutéronome.

26. Kenneth A. KITCHEN, op. cit., pp. 283ss, more exactly, ca. 1380-1180 (p. 290).

27. Par exemple, en 2008, R. YOUNG et B. WOOD soutiennent que [l]es cycles des jubilés et des années sabbatiques montrent que les 480 années sont littérales (p. 234) et se plaignent que cet argument n'a cependant jamais été abordé par des avocats d'un exode au treizième siècle (p. 235). Pour entrer dans le débat (et d'autres associés), lire Rodger C. YOUNG et Bryant G. WOOD, A Critical Analysis of the Evidence from Ralph HAWKINS for a Late-Date Exodus-Conquest (Journal of the Evangelical Theological Society 51.2 (June. 2008)), pp. 225-243 en ligne ici. Puis lire la réponse de Ralph HAWKINS à cet article dans le même volume, The Date of the Exodus-Conquest Is Still an Open Question: A Response to Rodger YOUNG and Bryant WOOD (Journal of the Evangelical Theological Society 51.2 (June. 2008)), pp. 245–266 en ligne ici.

28. K. Lawson YOUNGER, JR, Ancient Conquest Accounts, A Study in Ancient Near Eastern and Biblical History Writing (Journal for the Study of the Old Testament Supplement Series 98, Sheffield, England : Sheffield Academic Press, 1990), 392 pp. Avant d'aborder Josué 9-12 (pp. 195-237), l'auteur présente d'autres comptes-rendus de conquêtes : assyriens (pp. 61ss), hittites (pp. 125ss) et égyptiens (pp. 165ss).

29. Autre possibilité : B (10.12cd) - B' (10.13.cd) : Témoins du miracle commandé / accompli ; C (10.13ab) : Miracle accompli avec but militaire.

30. Selon Isaac RABINOWITZ ('Az Followed By Imperfect Verb-Form in Preterite Contexts: a Redactional Device in Biblical Hebrew in Vetus Testamentum, Volume 34: Issue 1 (1984), pp. 53–62 - deux premières pages en ligne ici -), "alors" ('Az) n'aurait pas le même sens, suivi d'un accompli, qui prolonge le récit antérieur par un élément consécutif (exemple : Josué 10.32), ou suivi d'un inaccompli, qui situe le nouvel élément dans les circonstances antérieures (exemple : Josué 10.12). K. Lawson YOUNGER, Jr, op. cit., n'a sans doute pas lu cette thèse (absence en bibliographie et même sens non consécutif donné à "alors" en Josué 10.12 et 32 - p. 313 note 36 -), mais conclut aussi que l'emploi de אָז et du prétérit [יְדַבֵּר] devrait être compris comme une sorte de flash-back et compare אָז à son homoloque sémantique assyrien (p. 211).

31. Ainsi, Claude MARIOTTINI, The Long Day of Joshua: In Search of Understanding – Part 2 (Page III ci-dessous, éditée sur son blog le 27 juin 2006) : This reference to David’s lament in the book of Jashar means that the book was written after the reign of David. If the book was written, let us say, during the reign of Solomon, then the book of Jashar was written 300 years after the events narrated in the book of Joshua. Thus, the writer of the book of Jashar is interpreting the words of Joshua at the occasion of the battle of Gibeon and his interpretation changed what Joshua requested. Trois pages à consulter en ligne, dont la première abordant la thèse d'un jour "manquant" : I - II - III.

32. C.F. KEIL et F. DELITZSCH, Commentary on the Old Testament in Ten Volumes, Volume II, translated from the German - Keil's commentary on Johua in 1847 - (Grand Rapids, Michigan : W.B. Eerdmans Publ. Co.,  ? reprinted in 1985), pp. 106-112.

33. Ferrell JENKINS, That Newspaper Article About Joshua’s Long Day (www.bibleworld.com, 1970, 1998) - article sur l'histoire du fameux jour manquant en ligne ici -.

34. Robert Dick WILSON, What Does 'The Sun Stood Still' Mean? (The Princeton Theological Review Vol. 16 No. 1 (1918)), pp. 46-54 - article sur la thèse d'une éclipse en ligne ici -.

35. Cf. K. Lawson YOUNGER, JR, Ancient Conquest Accounts, A Study in Ancient Near Eastern and Biblical History Writing (Journal for the Study of the Old Testament Supplement Series 98, Sheffield, England : Sheffield Academic Press, 1990), p. 212 (avec note 39, p. 313).

36. En 2016, Hezi YIZHAQ, Daniel VAINSTUB, and Uzi AVNER, Sun, Stand Still over Gibeon; and Moon, in the Valley of Aijalon - Annular Solar Eclipse on October 30, 1207 BCE? (Beit Mikra: Journal for the Study of the Bible and Its World / 61, no. 2 (2016): 196-238 - article en hébreu en ligne ici -. En 2017, Colin HUMPHREYS, Graeme WADDINGTON, Solar eclipse of 1207 BC helps to date pharaohs (Astronomy & Geophysics, Volume 58, Issue 5, October 2017), Pages 5.39–5.42 - article en anglais en ligne ici -. Deux remarques :
1- Il s'agit bien de l'année - 1207 avant J.C., correspondant à la mention de - 1206 sur la photo. Cette dernière donnée correspond au décompte arithmétique des années. Ainsi, en remontant d'année en année, l'année N est précédée de l'année N - 1 et l'on a toujours N - (N - 1) = 1, avec un moment où l'on arrive à l'année zéro (cf. les éclipses de l'année 0000 sur la plaque A-239 de Fred ESPENAK et Jean MEEUS, Five Millennium Canon of Solar Eclipses: –1999 to +3000 (2000 BCE to 3000 CE) en ligne ici -). Du point de vue calendaire, il n'y a pas d'année zéro. En effet, au changement d'ère, on remonte dans le temps de l'année 1 à l'année - 1 [1 - (- 1) = 2] et non à l'année 0 [1 - 0 = 1] (cf. Fred ESPENAK and Jean MEEUS, NASA Technical Publication TP-2006-214141 § "Calendar" en ligne ici.
2- Pour trouver cette éclipse sur le site de la NASA, se rendre sur la page consacrée à Fred ESPENAK et Chris O'BYRNE (NASA's GSFC) "Eclipse Predictions" en ligne ici - et choisir, par exemple, comme ville "Jerusalem" et comme période "-1299 to -1200"-. Il faut noter, surtout pour les dates reculées, l'imprécision relative des temps et lieux des éclipses (cf. Fred ESPENAK et Jean MEEUS, Five Millennium Canon of Solar Eclipses, "Uncertainty in delta T", page en ligne ici. Pour suivre le parcours de l'éclipse, voir le lien en note suivante.

37. Pour voir le trajet de l'éclipse du 20 décembre -1247 (ou du 30 octobre -1207) sur le site de la NASA, se rendre sur la page ''FIVE MILLENNIUM CATALOG OF SOLAR ECLIPSES -1299 to -1200 ( 1300 BCE to 1201 BCE ) et cliquer (colonne ''Calendar Date'') sur la date ''-1246 Dec 20'' (ou ''-1206 Oct 30'') - page permettant de visualiser le trajet des éclipses en ligne ici -.

38. John WALTON, Biblical Credibility and Joshua 10: What Does the Text Really Claim?, ici publié sur le site BIOLOGOS le 15/10/2013) ; cf. citations de J.S. HALLADAY (1968) par K. Lawson YOUNGER, JR, op. cit., pp. 212s.

39. Bon augure : J.S. HALLADAY (1968) in K. Lawson YOUNGER, JR, op. cit., pp. 212s (p. 215 Younger ajoute la lecture ironique) ; mauvais augure : John WALTON, op. cit.,  en ligne ici.

40. E.W. MAUNDER, A Misunderstood Miracle, The Expositor 16 (1910), pp. 359-372 en ligne ici et The Astronomy of the Bible, An Elementary Commentary on the Astronomical References of Holy Scripture (BREAD STREET HILL, E.C., AND BUNGAY, SUFFOLK : Richard Clay & Sons, Limited, 1908), pp. 351-384 : BOOK IV, THREE ASTRONOMICAL MARVELS, Chapter I. Joshua's Long Day, en ligne ici.

41. John DAY, Yahweh and the Gods and Goddesses of Canaan (JSOT Supplement Series 265, Londres : Sheffield Academic Press Ltd, 2001), pp. 153ss.

42. K. Lawson YOUNGER, JR, op. cit., p. 212 : The phenomenon of the 'sun standing still' in Joshua 10:12-14 has perplexed many interpreters. It would be foolhardy to believe that a definite explication can be given here. What seems to be clear is that celestial bodies participated in the battle which YHWH fought for Israël.

43. K. Lawson YOUNGER, JR, op. cit., p. 212 ; Steve A. Wiggins, Yahweh: the God of Sun? (Journal for the Study of the Old Testament 71, 1996), pp. 89-106 en ligne ici.

44. John WALTON, op. cit. en ligne ici : ...some translations say that it did not hasten to set. The Hebrew verb is sometimes translated that way, but it is the basic verb to go, enter and could feasibly be used for any transition from one section to another. ...the phrase would be translated "the sun did not hasten to its entry as on a propitious day."

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