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Évangélisme œcuménique
Préambule
Si, dès le XVIe siècle, le protestantisme se conjugue au pluriel (luthérien, réformé, anabaptiste, etc.), la montée en puissance du libéralisme théologique au XVIIIe siècle va scinder les dénominations existantes (réformée, baptiste, etc.) en deux courants : évangélique et libéral. Mais l'histoire ne s'arrête pas là et c'est un mouvement inverse, de rapprochement, qui divise désormais le monde évangélique. En effet, dès le XXe siècle, certains évangéliques font œuvre œcuménique avec des libéraux parfois, avec des catholiques le plus souvent, quand les autres évangéliques s'en gardent bien.
Comme cette division de l'évangélisme semble partie pour durer, il paraît opportun d'en connaître la teneur et l'ampleur, à commencer par le désaccord le plus en vue, celui sur l'œcuménisme entre évangéliques et catholiques.
Œcuménisme
Histoire contemporaine
1- C'est au sein du monde évangélique, au XIXe siècle, que prend naissance l'œcuménisme moderne avec la création de l'Alliance évangélique en 1846 et la semaine universelle de prière en 1847. Mais, au XXe siècle, l'influence évangélique disparaît progressivement.
2- Le mouvement œcuménique s'inscrit petit à petit dans la ligne du christianisme libéral et social
et de christianismes à composante sacramentelle importante (orthodoxie orientale, anglo-catholicisme, luthéranisme)
, voire du catholicisme. La semaine de prière pour l’unité des chrétiens est créée dans les années 1930, le Conseil œcuménique des Églises en 1948[n1].
3- Pour l'Église catholique romaine, il faut distinguer l'avant de l'après Vatican II (1962-1965). En 1928, le pape Pie XI dénonce la séduction de l'œcuménisme[n2], car l'Église du Christ est l'Église catholique romaine. Avec le concile Vatican II, définitions et perspectives changent : l'Église du Christ subsiste dans l'Église romaine (en plénitude) et apparaît (de manière déficiente) dans les Églises ou communautés dissidentes[n3]. C'est pourquoi le saint Concile exhorte tous les fidèles catholiques... à prendre une part active à l’effort œcuménique
[n4]. Si l'Église catholique ne devient pas membre du Conseil œcuménique des Églises, elle y participe par l'envoi de délégués.
4- Suscité et soutenu par le Conseil œcuménique des Églises, le Forum chrétien mondial naît en 1998[n5]. Il se présente comme un « espace » où les participants se retrouvent sur un pied d’égalité
, (ce qui n'a rien d'innovant[n6],) espace ouvert aux représentants de toutes les Églises chrétiennes et de toutes les familles d’Eglises et leurs organisations internationales
[n7].
Comme nous allons aborder la question des dialogues, une précision s'impose sur cette dernière entité (§ 4). Si le Conseil œcuménique des Églises est constitué d'Églises membres, le Forum chrétien mondial vise à instaurer un dialogue multilatéral avec des participants (évangéliques, pentecôtistes ou autres,) jusque-là peu désireux de se lier au Conseil œcuménique des Églises ou à l'Église catholique romaine.
Dialogue œcuménique
1- La prière de Jésus. Tout texte œcuménique cite, en principe, la prière de Jésus en Jean 17.20s[n8] :
Ce n'est pas pour eux [les apôtres] seulement que je prie, mais encore pour ceux qui croiront en moi par leur parole, afin que tous soient un ; comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi, qu'eux aussi soient [un] en nous, afin que le monde croie que tu m'as envoyé.
2- Schéma œcuménique. De manière générale, le mouvement œcuménique se présente ainsi :
a- un présupposé : se reconnaître chrétiens, frères et sœurs en Christ ;
b- un objectif : l’unité visible de l’Église ;
c- un moyen : le (ou les) dialogue(s).
3- Dialogues catholiques. Depuis le concile Vatican II (1962-1965), l'Église catholique romaine voit des éléments d'Église dans les autres communautés ecclésiales et veut œuvrer à la restauration de l'unité entre tous les chrétiens
par la prière, la parole et l'action
avec les frères séparés
d'elle[n9].
a- Parmi ses textes, on peut citer
- le décret sur l'œcuménisme Unitatis Redintegratio (Paul VI, Vatican II, 1964) ;
- la lettre encyclique Ut Unum Sint (Jean-Paul II, 1995) ;
- le document L’évêque et l’unité des chrétiens. Vademecum œcuménique (Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, 2020).
b- Tout en affirmant l'unité du mouvement œcuménique, elle distingue l'œcuménisme spirituel et trois dialogues : de la charité (relations quotidiennes), de la vérité (questions doctrinales) et de la vie (mission commune)[n10].
c- Parmi les fruits de son effort œcuménique, on peut citer
- la levée des anathèmes entre l’Église de Rome et celle de Constantinople en 1965, à la veille de la clôture du concile[11] ;
- l'évangélisation commune avec certains évangéliques, inespérée au temps du concile[n12].
4- Déchirure évangélique. Quel que soit son degré de représentativité (officielle ou personnelle), tout œcuméniste sait (ou doit savoir) qu'un dialogue en petit comité d'experts va retenir l'attention 1) de sa communauté d'origine, 2) d'autres acteurs de la communauté œcuménique, 3) des observateurs extérieurs à la sphère œcuménique. Ainsi, plusieurs déclarations communes issues de dialogues entre catholiques et protestants ont retenu l'attention du monde évangélique ces dernières années, à commencer par celles d'un comité mixte catholiques-évangéliques.
a- Voici les textes :
- "Evangelicals and Catholics Together: The Christian Mission in the Third Millenium" (E.C.T. de 1994) ;
- "Evangelicals and Catholics Together: A New Initiative - The Gift of Salvation" (E.C.T. 2 de 1997).
b- Comme en témoignent les brefs commentaires du pasteur Richard Bennett (1938-2019), proposés ci-dessous, ces textes œcuméniques sont loin de faire consensus dans les rangs évangéliques[n13] :
- "Two-Edged Truth" (page avec vidéo) ;
- "Evangelical Compromise: Evangelicals and Catholics Together" (livret de 2020, issu de deux anciens articles du site "Berean Beacon").
Alors qu'il a vu s'unir des évangéliques et des catholiques, le XXe siècle a également vu cette union désunir les évangéliques, entre qui la justifie et qui la déplore. La question de la légitimité du dialogue œcuménique catholique-évangélique se pose donc du côté évangélique.
L'Église catholique romaine
Comme l'un des buts du dialoque œcuménique est d'avoir une vision claire des parties en dialogue, voici déjà ce qu'un évangélique peut retenir du catholicisme romain.
Continuité
Que ce soit dans sa version ancienne, où elle est l'Église du Christ, que ce soit dans sa version moderne, où subsiste en elle la plénitude de l'Église du Christ[n14], où peut s’obtenir toute la plénitude des moyens de salut
[n15], l'Église catholique romaine n'a pas radicalement changé depuis la Réforme.
1- Continuité parallèle. Pour reprendre l'étude de Leonardo de Chirico[n16], en empruntant le langage de 2 Corinthiens [1.12-20], on peut dire que le catholicisme est la religion du « oui » et du « non » contextuel à la volonté de Dieu, de la coexistence de l’affirmation et de la négation du
message biblique, de la cohabitation de l’adhésion et du rejet de la Parole de Dieu. On ne peut nier
que, dans le catholicisme, le « oui » puisse faire défaut ; le problème est qu’il ne s’agit pas d’un « oui, oui » mais d’un « oui et non » en même temps. Le « oui » vient se juxtaposer au « non » de telle
sorte qu’il produit un effet d’annulation du « oui ». Il ne s’agit ni d’un « oui » ni d’un « non » mais
d’un « oui » et d’un « non » en même temps.
[17] Je retiens dans ce tableau les cinq sola/solo/soli de la Réforme[18] :
Le Oui de l'évangélisme | Les Oui et Non du catholicisme romain |
L'Écriture seule | À L'Écriture sont ajoutées l'autorité de la tradition et celle de l'enseignement du magistère |
Le Christ seul | Au Christ est ajoutée l'Église comme une extension de l'incarnation |
La grâce seule | À la grâce est ajoutée la nécessité de bénéfices qui proviennent de l'office sacramentel de l'Église |
La foi seule | À la foi est ajoutée la nécessité des bonnes actions pour le salut |
À Dieu seul la gloire | À la célébration de Dieu est ajoutée la vénération d'une foule d'autres figures qui détournent du culte au seul vrai Dieu. |
2- Continuité disciplinaire.
2.1- Dogmes et anathèmes. S'il peut désigner une consécration à Dieu positive ou négative, c'est dans cette dernière perspective que le mot anathème (du grec ἀνάθεμα) apparaît dans les textes dogmatiques. Par exemple, en partant de la Réforme, on peut le voir dans des textes comme :
- ceux du concile de Trente (1545-1563)[19] ;
- ceux du concile Vatican I (1869-1870), « Dei Filius » (foi catholique)[20] et « Pastor Aeternus » (primauté et infaillibilité du pape)[21].
Mais la condamnation du critique ou de l'opposant peut être formulée différemment :
- Pie IX, 1854, « Ineffabilis Deus » (immaculée conception de la Vierge) : Que si quelqu’un ose... sachez qu’il encourt l’indignation de Dieu Tout-Puissant et des bienheureux Pierre et Paul, ses apôtres.
- Pie XII, 1950, « Munificentissimus Deus » (assomption de la Vierge) : Si quelqu’un prétend... faites-lui savoir qu’il encourra la colère de Dieu Tout-Puissant et des bienheureux apôtres Pierre et Paul.
Le concile Vatican II (1962-1965) n'ajoute pas de nouvel anathème, mais il n'avait ni la nécessité de reformuler les précédents ni l'intention de les lever ; à une exception près, en toute fin du concile : la levée des anathèmes entre l’Église de Rome et celle de Constantinople[22].
2.2- Exercice de la discipline. C'est vers le Code de droit canonique de l'Église latine qu'il faut se tourner, le dernier, promulgué en 1983 (Livre I Normes générales, Can. 1) ayant abrogé celui de 1917 (Can. 6 - § 1.1)[23]. On y verra qu'un catholique devenant évangélique se situe dans la catégorie apostat de la foi... hérétique... schismatique
[24] et encourt une excommunication latae sententiae
, c'est-à-dire automatique[25].
Discontinuité
1- Vision des autres.
Jusqu'au début du XXe siècle, l'Église catholique romaine est l'Église du Christ, en dehors de laquelle il n'y a que schismatiques, hérétiques ou païens. Aussi, hors de l'Église catholique, point de salut.
Avec le concile Vatican II (1962-1965), l'Église romaine distingue sa sphère
[n26] (cf. § continuité
) et l'extérieur de sa sphère, où elle discerne en moindre proportion les ressources dont Dieu l'a dotée, et donc une participation, même limitée, à la vie de l'Église[n27].
2- Vision du christianisme non-catholique.
Dans la perspective de Vatican II, les non-catholiques font partie de ceux qui, étant baptisés, portent le beau nom de chrétiens sans professer pourtant intégralement la foi ou sans garder l’unité de la communion sous le Successeur de Pierre
. Leurs communautés ayant des éléments de l'unique Église du Christ, tels les Écritures, le baptême, la foi trinitaire, etc., le concile les considère comme des fils de l'unique Église du Christ[n28], comme des frères séparés (de l'Église catholique)[n29].
3- Précision sur le frère séparé. Non, ce n'est pas le catholique devenu évangélique, par exemple. Celui-là est un apostat ou un hérétique, comme le furent tous les premiers protestants, une personne appelée par l'Église latine à revenir dans ses rangs (Contre-Réforme). Le frère séparé
, c'est celui qui est né aujourd'hui dans une communauté séparée[n30] et à qui l'Église latine tient à faire savoir qu'il est un frère
, comme en témoignent les œcuménistes (évangéliques et catholiques), un frère
qu'elle invite à sa pleine communion.
Débat évangélique
Conformément aux décisions du concile Vatican II (1962-1965), l'Église catholique romaine se lança dans l'aventure œcuménique et trouva de nombreux frères séparés
avec qui dialoguer, y compris des protestants évangéliques. Or, ce nouvel œcuménisme, attaqué par les uns, défendu par les autres, divise le monde évangélique[n31]. Pour entrer dans le débat, je tenterai dans un premier temps d'élucider la controverse ; dans un second temps, il me faudra en tirer les conséquences.
Simple christianisme
1- Impasse. Lorsqu'en mai 1994, "Evangelicals and Catholics Together: The Christian Mission in the Third Millenium" (E.C.T. 1994) fut publié et largement diffusé, le monde évangélique tomba des nues en découvrant l'existence d'un comité mixte de dialogue initié par Richard John Neuhaus (catholique) et Charles Colson (évangélique). Aussitôt s'engagea la controverse entre les signataires évangéliques et les opposants à leur document. Mais, autant de fois on mit en cause la fidélité des œcuménistes aux enseignements de la Réforme, en espérant les voir retirer leur signature, autant de fois ils réaffirmèrent leur attachement à la Réforme et au salut par la foi seule (Sola fide[n32]), sans y voir d'incompatiblité avec le texte qu'on voulait les voir amender ou renier[n33]. Devant cette impasse, il convient de prendre un peu de recul avec C.S. Lewis.
2- Actualité de C.S. Lewis. Connu pour bien d'autres ouvrages, C.S. Lewis (1898-1963) est l'auteur de Mere Christianity (Simple christianisme), livre révisé en 1952 et composé de trois parties, initialement radiodiffusées et imprimées en 1943 et 1945[n34]. Sa préface résume le propos.
1- Ses diagnostics et ses remèdes :
a) Diagnostic : la société vit dans l'incroyance. Remède : il me faut lui faire connaître le christianisme[n35].
b) Diagnostic : le christianisme divisé n'est pas audible. Remède : éviter de parler des divisions et présenter le simple christianisme, la foi... commune à presque tous les chrétiens de tous les temps
[n36].
2- Un christianisme commun :
a) Ce que C.S. Lewis tient à présenter, c'est un christianisme commun à toutes les branches de la chrétienté, d'où l'envoi (d'une partie) de son texte, pour critique, à des représentants de diverses confessions avant la publication[n37].
b) Qu'a de particulier le simple chrétien né du simple christianisme ?
- Simple chrétien croit, au minimum, qu'il y a un seul Dieu et que Jésus-Christ est Son Fils unique
[n38], formule aussi, voire plus inclusive que celles du Conseil œcuménique des Églises[n39].
- Simple chrétien est entré dans le hall
de la maison christianisme, et n'a plus qu'à pousser les portes et à choisir la pièce
où vivre, son Église particulière[n40].
Pièce baptisme | Pièce catholicisme | Pièce pentecôtisme | Pièce ... |
>>> HALL D'ENTRÉE : Il y a un seul Dieu et Jésus-Christ est Son Fils unique |
|||
Pièce orthodoxie | Pièce anabaptisme | Pièce méthodisme | Pièce ... |
3- Retour au débat. Au vu des échanges entre partisans et opposants au document E.C.T. (mai 1994), on ne peut nier que tous se disent attachés aux points distinctifs de la Réforme (Sola Scriptura / Sola Gratia / Solo Christo / Sola Fide / Soli Deo Gloria). Mais leur rapport à l'œcuménisme avec Rome permet de les distinguer. Pour ce faire, je reprendrai l'image du hall (discours commun) et des pièces adjacentes (discours particuliers).
3.1- Deux perspectives :
- Pour l'évangélique classique, les cinq motifs de la Réforme se trouvent dans le hall. Ne sont donc pas considérées chrétiennes les branches non évangéliques de la chrétienté (catholicisme, orthodoxie, etc.). Il n'en demeure pas moins qu'un pasteur évangélique reconnaîtra volontiers qu'il y a de vrais chrétiens (au sens évangélique) hors des assemblées évangéliques et que tous les membres de sa communauté ne sont pas forcément d'authentiques chrétiens.
- Pour l'évangélique œcuméniste, les cinq motifs de la Réforme se trouvent dans la pièce évangélisme[n41].
a- D'un côté, il peut affirmer haut et fort son choix de la pièce évangélisme et non des autres pièces (catholicisme, orthodoxie, etc.)[n42].
b- D'un autre côté, il peut défendre, dans le hall, un/le christianisme commun avec d'autres résidents de la chrétienté[n43].
D'où la possibilité de signer en même temps un texte strictement évangélique (a) et un texte commun (b).
3.2- Deux documents œcuméniques (cf. Dialogue œcuménique § 4) :
a- E.C.T. de 1994 : Parmi les déclarations communes (le hall), on peut lire : Nous affirmons ensemble que nous sommes justifiés par la grâce par le moyen de la foi à cause du Christ.
Mais aucune mention d'accord ou de désaccord n'est faite sur la confession évangélique habituelle, que l'on est justifié par la grâce seule, par le moyen de la foi seule en raison de Christ seul. D'où la critique du document et la décision de ses défenseurs d'y répondre dans le document suivant.
b- E.C.T. 2 de 1997 : Les points d'accord (le hall) sont accompagnés de réserves (les pièces) : ...nous avons trouvé que, malgré quelques différences persistantes et sérieuses, nous pouvons ensemble porter témoignage au don du salut en Jésus-Christ.
Par exemple : Nous sommes d'accord sur le fait que la justification n'est pas obtenue par quelques bonnes oeuvres ou mérites de notre part ; c'est entièrement le don de Dieu, conféré par la pure grâce du Père...
Mais le choix du mot conférer
élude la divergence capitale, indiquée en fin d'article parmi d'autres sujets à aborder : ...la justification dans son rapport à la justice imputée et transformatrice
. Dans la perspective évangélique, le pécheur est justifié, déclaré juste au tribunal de Dieu, par la seule imputation de la justice du Christ.
Constat
1- Un dialogue théologique parmi d'autres. Contrairement à un texte de cobelligérance, où les signataires s'associent pour défendre une même cause sans s'inquiéter de la qualité des uns et des autres, les documents E.C.T. se présentent comme des textes œcuméniques issus d'un comité théologique. Les rédacteurs (évangéliques et catholiques) ont pris grand soin de souligner la base doctrinale justifiant le fait qu'ils se disent frères et soeurs en Christ[n44] et se sont engagés à rechercher l'unité dans la vérité[n45].
2- Accord et désaccord. Après un accord sur l'essentiel (le hall), qui permet aux signataires de se reconnaître frères et soeurs en Christ, le dialogue a pour objet
1) d'augmenter les points d'accord (le hall) et de diminuer ceux de désaccord (les pièces),
2) d'œuvrer ensemble sur la base des accords et en dépit des désaccords[n46].
Comme l'indiquent les deux documents E.C.T., l'ambition des signataires est de parvenir à une évangélisation commune (le hall) en laissant au converti la responsabilité de choisir son Église (une pièce) après avoir été informé des différences[n47]. C'est ainsi qu'un accord est formulé en 1997 sur le le don du salut
[n48] reconnaissant une légitime variété de son expression[n49] : un accord sur l'Évangile
[n50].
3- Clarté et vérité. Comme ce sont les maîtres-mots des dialogues théologiques, on ne peut que s'y intéresser.
3.1- Prudence. Le nombre d'affirmations communes entre évangéliques et catholiques (le hall) peut vite faire figure de preuve décisive de leur unité fondamentale. Mais c'est aller un peu vite en besogne. Imaginez être parmi les témoins d'une scène où un homme se précipite vers un autre, tombé à terre, et le frappe à la gorge. C'est là qu'arrivent pompiers et policiers et que les témoignages sont recueillis, tous à peu près concordant sur le détail des circonstances. Mais de quoi avez-vous été témoin ? D'une tentative de meurtre (le coup à la gorge visait à tuer un homme à terre) ? D'une tentative de sauvetage (le coup à la gorge visait à créer une entrée d'air pour un homme en train d'étouffer) ?
3.2- E.C.T. (1994). Comme indiqué plus haut (cf. Simple christianisme
3.2.a), le document E.C.T. (1994) affirme que nous sommes justifiés par la grâce par le moyen de la foi à cause du Christ
et non, selon la formulation évangélique, que nous sommes justifiés par la grâce seule, par le moyen de la foi seule à cause de Christ seul. Invités à se prononcer sur cette lacune, les signataires évangéliques d'E.C.T. (1994) affirment lire le document selon la foi protestante historique et l'attestent dans une déclaration doctrinale (janvier 1995)[n51]. Pour autant, ils refusent d'amender le texte d'E.C.T. ou de lui retirer leur soutien, ce qui prouve que
a- le caractère équivoque de la formulation est délibéré, ce qui met à mal la prétention à la clarté et à la vérité ;
b- l'unité recherchée prime la vérité : si les signataires évangéliques disent lire le document selon la foi protestante, ils ne se soucient guère du fait que leur christianisme de base puisse être interprété de manière différente (catholique ou autre).
3.3- E.C.T. 2 (1997). Quand les signataires évangéliques et catholiques d'E.C.T. 2 (1997) affirment leur unité dans l'Évangile [qu'ils ont] professé
, ils invitent à tenir le texte sur lequel ils s'accordent pour une profession de l'Évangile. Deux observations suffiront ici.
a- Vue leur déclaration d'accord sur l'essentiel - l'Évangile -, le but de l'œcuménisme a été atteint : l'unité sur la vérité. De fait, le désaccord entre la Réforme et la Contre-réforme, même jugé irréductible, est considéré secondaire, objet de distinction mais plus de division : déjà, la Réforme apparaît dépourvue d'enjeu crucial ;
b- Vue la déclaration de fidélité de chaque signataire du document à sa tradition protestante ou catholique, comme dans le cas d'E.C.T. (1994), le caractère équivoque de la partie commune ne passe pas inaperçu[n52].
Protestation
On l'a vu, le débat entre évangéliques porte principalement sur la proclamation du salut par la grâce seule, au moyen de la foi seule à cause de Christ seul :
a- une précision qui ne fait pas partie du christianisme de base, selon l'évangélique œcuméniste ;
b- une donnée essentielle du christianisme de base, selon l'évangélique classique.
1- Un point fondamental du christianisme.
C'est l'Évangile que Paul a prêché aux Galates ;
C'est l'Évangile que Paul leur reproche d'abandonner pour un autre Évangile ;
C'est l'Évangile que Paul reproche à Pierre d'abandonner pour plaire à des personnes qui ne s'y tiennent pas.
2- L'apostasie du catholicisme.
Concile de Trente, 6e session, 13 janvier 1547 : Canon XII, décret touchant la justification : Si quelqu'un dit que la foi justifiante n'est autre chose que la confiance en la divine miséricorde, qui remet les péchés à cause de Jésus-Christ ; ou que c'est par cette seule confiance que nous sommes justifiés : Qu'il soit anathème.
Pour l'Église catholique romaine, c'était là rejeter la doctrine protestante ; pour les protestants, c'était là rejeter l'Évangile et tomber dans l'apostasie.
3- L'unité dénoncée.
Tout comme Jésus priait pour l'unité de ceux qui allaient croire en lui par la parole de ses apôtres (Jean 17.20), Paul souligne qu'il n'est pas question d'unité quand la vérité de l'Évangile est mise en jeu.
Si, à Antioche, Paul condamne Pierre publiquement, c'est que, par son comportement, Pierre a manifesté une unité apparente avec les tenants d'un autre Évangile, au lieu de se tenir dans la vérité de l'Évangile. On observera que
- Paul et Pierre prêchent le même Évangile, ce qui motive le reproche de Paul à Pierre de contredire ses paroles (vérité) par ses actes (complaisance).
- Paul dénonce cet accord tactique comme une trahison de l'Évangile par Pierre et tous ceux qui l'ont suivi ce jour-là. Il est bien loin d'encourager un dialogue œcuménique entre personnes en désaccord sur la teneur essentielle de l'Évangile. Or, n'est-ce pas jouer avec l'Évangile que de relativiser et de dissimuler le désaccord essentiel sur l'Évangile entre évangéliques et catholiques (§ 2) dans des textes équivoques pouvant satisfaire les uns et les autres ?
Conclusions
Pour conclure cette approche de l'évangélisme œcuménique, je m'adresserai à ceux des lecteurs qui tiennent vraiment les Écritures pour la Parole de Dieu.
Au lecteur catholique d'abord. Sans doute, des théologiens catholiques vous diront aujourd'hui que Luther avait vu juste concernant l'enseignement de Paul, mais ils ajouteront qu'il ne faut pas s'en tenir à cet aspect des choses[n53]. Tout le monde en conviendra, ça n'est pas tout l'enseignement des Écritures, mais c'est bien l'un des points essentiels de l'Évangile ; d'où l'exhortation solennelle de l'apôtre Paul à refuser tout enseignement contraire, quel qu'en soit l'auteur, fût-ce lui-même ou un ange de Dieu, ce qui inclut toute autorité ecclésiastique quelle qu'elle soit (cf. Galates 1.6-9).
Au lecteur évangélique ensuite. Par définition, tout évangélique s'alarmera de voir l'Évangile mis à mal : c'est une question de vérité et de discipline. Or, ce qui divise les évangéliques ici, c'est que tous ne pensent pas que l'Évangile est mis à mal.
a- Contrairement à l'œcuméniste, le non-œcuméniste constate que, dans les dialogues entre évangéliques et non-évangéliques, l'Évangile n'est plus au cœur de la théologie. Le catholique Richard J. Neuhaus l'a d'ailleurs fort habilement souligné en appelant ses partenaires évangéliques à tirer les conclusions de leur commune participation au dialogue : Si, à la fin du vingtième siècle, la séparation à cause de l'Évangile n'est pas nécessaire, elle n'est pas justifiée
[n54].
b- Si, pour la plupart, les œcuménistes ne rejoignent pas l'Église catholique romaine, comme le fit R. J. Neuhaus (ancien luthérien), ils restent dans l'évangélisme en prêchant le message de Rome, à savoir qu'évangéliques et catholiques sont des frères, séparés certes, mais des frères. Un évangélique classique préciserait aussitôt que nous sommes bien frères en humanité, mais (sauf exception) pas en Christ.
c- Comme vérité et discipline vont de pair, je terminerai en faisant appel à trois autres témoins :
1- le comparatif religieux (cf. L'Église catholique romaine - Continuité § 1), avec ses deux voies parallèles impossibles à unifier, sauf à prendre un oui
pour un non
;
2- la faille éthique (cf. Constat - § 3 Clarté et vérité.), avec la fabrication de textes suffisamment ambigus pour que l'évangélique et le catholique puissent y lire chacun sa théologie (le oui
et le non
ensemble) ;
3- la jurisprudence biblique (cf. Protestation), incontournable pour qui reconnaît l'autorité finale de l'Écriture seule (Sola Scriptura).
T.P., 2 février 2023
révision le 17 décembre 2023
Post-scriptum : en complément à cet article, je vous signale une lettre ouverte (dont j'ignorais l'existence en février 2023) adressée le 1er décembre 2017 à l'Alliance évangélique mondiale par les Alliances d'Espagne, d'Italie et de Malte : "Is the World Evangelical Alliance (WEA) Moving Away from its Historic Position on Unity?" - cliquer ici.
_______
1. Christopher Sinclair, Résistance ou participation des évangéliques à l’œcuménisme et à la modernité ?
, in Actualité des protestantismes évangéliques (Presses universitaires de Strasbourg, 2002), pp. 139-161 : voir §§ 1 à 4 - cliquer ici.
2. Mortalium animos
, lettre encyclique de Pie XI sur l'unité de la véritable Église (6 janvier 1928) : critique de l'œcuménisme ; à lire pour mieux comprendre l'avant-après Vatican II - cliquer ici.
3. Constitution dogmatique sur l'Église Lumen Gentium I.8 : Cette Église [du Christ] comme société constituée et organisée en ce monde, c’est dans l’Église catholique qu’elle subsiste, gouvernée par le successeur de Pierre et les évêques qui sont en communion avec lui, bien que des éléments nombreux de sanctification et de vérité se trouvent hors de sa sphère, éléments qui, appartenant proprement par le don de Dieu à l’Église du Christ, portent par eux-mêmes à l’unité catholique.
- en ligne ici.
4. Décret sur l'œcuménisme Unitatis Redintegratio 4 - en ligne ici.
5. Cf. site du Conseil œcuménique des Églises (www.oikoumene.org), documentation - en ligne ici.
6. Par exemple, l'échange d'égal à égal
est prévu par le décret sur l'œcuménisme Unitatis Redintegratio 9. Connaissance réciproque fraternelle
- en ligne ici.
7. Global Christian Forum, page Qui sommes-nous ?
- en ligne ici.
8. Sauf exception, je citerai la version Segond révisée (dite "Bible à la colombe") accessible en ligne - ici Jean 17.20ss.
9. Décret sur l'œcuménisme Unitatis Redintegratio 1 et 4 - en ligne ici.
10. Où ranger une commune activité culturelle ? dans l'œcuménisme (dialogue de la vie) ? ou seulement dans la cobelligérance, c'est-à-dire le partenariat de personnes sans affinité particulière, réunies pour une même cause, un même combat ? Se poser la question prouve déjà que pareille activité ne témoigne pas ipso facto d'un accord œcuménique. Ainsi, sans s'inquiéter de l'identité philosophique, politique ou religieuse des organisateurs, certains ont signé des pétitions pour la protection des abeilles (écologie), d'autres ont marché contre le mariage pour tous (société), etc. Quand une cause peut unir des personnes dans l'action, elle ne nous dit rien de ce que pensent ces personnes du dialogue œcuménique !
11. 50e anniversaire de la levée des anathèmes entre l’Église de Rome et celle de Constantinople
, publié le 30 septembre 2015 sur le site Église catholique en France
- en ligne ici.
12. Le 8 décembre 1964, dans son introduction du décret sur l'œcuménisme
, Yves M.J. Congar (fr.) note que le n° 12 indique, comme voie de l'œcuménisme, la coopération, surtout sur le plan social : une coopération qui ait déjà valeur de témoignage pour le monde (...) On ne touche pas le point d'une possible (mais difficile!) entreprise commune d'évangélisation...
in Concile œcuménique Vatican II, Documents conciliaires 1 (Paris : Éditions du Centurion, 1965), pp. 183s.
13. Il en va de même pour des textes issus d'autres comités, comme la Déclaration conjointe sur la doctrine de la justification
(D.C.J. de 1997 à 1999 entre catholiques et luthériens), analysée par Richard Bennett dans "The Roman Catholic-Lutheran Accord" (livret de 2000).
14. Constitution dogmatique sur l'Église Lumen Gentium I.8 : Cette Église [du Christ] comme société constituée et organisée en ce monde, c’est dans l’Église catholique qu’elle subsiste, gouvernée par le successeur de Pierre et les évêques qui sont en communion avec lui, bien que des éléments nombreux de sanctification et de vérité se trouvent hors de sa sphère, éléments qui, appartenant proprement par le don de Dieu à l’Église du Christ, portent par eux-mêmes à l’unité catholique.
- en ligne ici.
15. Décret sur l'œcuménisme Unitatis Redintegratio I.3 : C’est, en effet, par la seule Église catholique du Christ, laquelle est le « moyen général de salut », que peut s’obtenir toute la plénitude des moyens de salut. Car c’est au seul collège apostolique, présidé par Pierre, que furent confiées, selon notre foi, toutes les richesses de la Nouvelle Alliance, afin de constituer sur terre un seul Corps du Christ auquel il faut que soient pleinement incorporés tous ceux qui, d’une certaine façon, appartiennent déjà au Peuple de Dieu.
- en ligne ici.
16. Citation de l'article Vue sur Rome du 23 août 2016.
17. Leonardo de Chirico, Évangéliques et catholiques : ont-ils un futur commun ?
(site ''reforme.net'', article du 26/09/2007 - 16:39, n'est plus en ligne le 16/10/2022) ou Pietro Bolognesi, Catholicisme romain et protestantisme évangélique : réconciliation, mais sous quelles conditions ?
§ II.2 "La netteté des choix" (La revue réformée n° 263 - 2012/4, en ligne ici).
18. Citation de la Déclaration de l'Alliance évangélique italienne - en ligne ici -.
19. Les Décrets du Concile de Trente
, sur le site jesusmarie.free.fr
. Exemples (sans correction) : Trente, 6e session, 13 janvier 1547 : Canon XII, décret touchant la justification : Si quelqu'un dit, que la Foy justifiante n'est autre chose que la confiance en la divine misericorde, qui remet les pechez à cause de Jesus-Christ ; ou que c'est par cette seule confiance que nous sommes justifiez : Qu'il soit Anathême.
Trente, 16e session, 25 novembre 1551 : Voilà ce que le Saint Concile œcuménique fait profession de croire touchant les Sacremens de Pénitence & d'Extrême-Onction, & ce qu'il enseigne & propose à croire, & à tenir à tous les fidelles Chrestiens. Et voicy sur le mesme sujet, les Canons qu'il leur présente, pour les garder & observer inviolablement, prononçant condamnation & anathême perpétuel contre ceux qui soustiendront le contraire.
- en ligne ici.
20. Dei Filius, 1870 : Un exemple. Si quelqu’un dit qu’il peut arriver que les dogmes de l’Église puissent un jour – dans le progrès continu de la science – recevoir un sens différent de celui que l’Église a voulu et entend donner : qu’il soit anathème.
- en ligne ici.
21. Pastor Aeternus, 1870 : Si quelqu’un prétend donc s’opposer à notre définition - Dieu nous en préserve ! -, qu’il soit anathème.
- en ligne ici.
22. 50e anniversaire de la levée des anathèmes entre l’Église de Rome et celle de Constantinople
, publié le 30 septembre 2015 sur le site Église catholique en France
- en ligne ici.
23. Code de droit canonique (Cann. 1 - 6) - en ligne ici.
24. Code de droit canonique, livre VI Les sanctions dans l'Église
, deuxième partie Les peines pour des délits particuliers
, titre I Les délits contre la religion et l'unité de l'Église
. Le Livre VI du code de 1983 (Livre VI Can. 1364) - en ligne ici -, qui abroge le code de 1917, Cann. 2314-2319 - en ligne ici -, a été lui-même remplacé le 8 décembre 2021 - en ligne ici - avec cette rédaction :
Can. 1364 - § 1. L'apostat de la foi, l'hérétique ou le schismatique encourent une excommunication latae sententiae, restant sauves les dispositions du can. 194, § 1, n. 2 ; il peut de plus être puni des peines dont il s'agit au can. 1336, 1, nn. 1-4.
§ 2. Si une contumace prolongée ou la gravité du scandale le réclame, d'autres peines peuvent être ajoutées, y compris le renvoi de l'état clérical.
25. Code de droit canonique, (Livre VI du 8 décembre 2021) Can. 1314 - Ordinairement la peine est ferendae sententiae, de telle sorte qu'elle n'atteint pas le coupable tant qu'elle n'a pas été infligée ; mais elle est latae sententiae, si la loi ou le précepte l’établit expressément, de telle sorte qu’elle est encourue par le fait même de la commission du délit.
- en ligne ici.
26. Lumen Gentium I.8 : Cette Église [du Christ] comme société constituée et organisée en ce monde, c’est dans l’Église catholique qu’elle subsiste, gouvernée par le successeur de Pierre et les évêques qui sont en communion avec lui, bien que des éléments nombreux de sanctification et de vérité se trouvent hors de sa sphère, éléments qui, appartenant proprement par le don de Dieu à l’Église du Christ, portent par eux-mêmes à l’unité catholique.
- en ligne ici.
27. Lumen Gentium II.13. L’universalité ou « catholicité » de l’unique Peuple de Dieu : Ainsi donc, à cette unité catholique du Peuple de Dieu qui préfigure et promeut la paix universelle, tous les hommes sont appelés ; à cette unité appartiennent sous diverses formes ou sont ordonnés, et les fidèles catholiques et ceux qui, par ailleurs, ont foi dans le Christ, et finalement tous les hommes sans exception que la grâce de Dieu appelle au salut.
- en ligne ici. Suivent, dans le même ordre, des explications pour chaque groupe de personnes : 14. les fidèles catholiques ; 15. les chrétiens non catholiques ; 16. les non-chrétiens.
28. Lumen Gentium II.15 : Les liens de l’Église avec les chrétiens non catholiques. Avec ceux qui, étant baptisés, portent le beau nom de chrétiens sans professer pourtant intégralement la foi ou sans garder l’unité de la communion sous le Successeur de Pierre, l’Église se sait unie pour de multiples raisons (...) Ainsi, l’Esprit suscite en tous les disciples du Christ le désir et les initiatives qui tendent à l’union pacifique de tous, suivant la manière que le Christ a voulue, en un troupeau unique sous l’unique Pasteur. À cette fin, l’Église notre Mère ne cesse de prier, d’espérer et d’agir, exhortant ses fils à se purifier et à se renouveler pour que, sur le visage de l’Église, le signe du Christ brille avec plus de clarté.
- en ligne ici.
29. Unitatis Redintegratio 1 - en ligne ici.
30. Unitatis Redintegratio I.3 Ceux qui naissent aujourd’hui dans de telles communautés et qui vivent de la foi au Christ, ne peuvent être accusés de péché de division, et l’Église catholique les entoure de respect fraternel et de charité. En effet, ceux qui croient au Christ et qui ont reçu validement le baptême, se trouvent dans une certaine communion, bien qu’imparfaite, avec l’Église catholique.
- en ligne ici.
31. Iain H. Murray, Evangelicalism Divided, A Record of Crucial Change in the Years 1950 to 2000 (Edinburgh, U.K ; Carlisle, U.S.A : The Banner of Truth Trust, 2000, reprinted in 2012), ch. 8 Rome and New Division, pp. 215-249.
32. Voir l'article de W. Robert Godfrey, La justification par la foi seule
, publié le 2 août 2021 sur le site Ligonier Ministries
- en ligne ici.
33. En janvier 1995, deux événements se télescopèrent à 24 heures d'intervalle. Charles Colson initia une réunion entre entre défenseurs et adversaires du document E.C.T., qui donna lieu à un texte d'éclaircissement signé par les partisans d'E.C.T. (sur leur attachement à la Réforme). Mais une émission télévisée de John Ankerberg, déjà programmée, devait aussi porter sur le document E.C.T. et quatre des opposants invités à la réunion précédente devaient en faire partie : John Ankerberg lui-même, D. James Kennedy, John F. MacArthur et R. C. Sproul. À leurs yeux, le fait que les partisans d'E.C.T. puissent en rester signataires après avoir signé l'éclaircissement était contradictoire. En complément d'information, je vous signale la mise en ligne (video) d'émissions du John Ankerberg Show consacrés à la polémique initiale suscitée par le document ECT (Evangelicals and Catholics Together) - cliquer ici.
34. C.S. Lewis, Mere Christianity (New York : Macmillan Publ. Co., 1952, First Paperback Edition 1960), 190 pp. - en français, il est intitulé Les fondements du christianisme.
35. Ibidem, p. 6 : "Ever since I became a Christian I have thought that the best, perhaps the only, service I could do for my unbelieving neighbours was to explain and defend the belief that has been common to nearly all Christians at all times."
36. Ibid., p. 6 : - voir déjà la note précédente - "You will not learn from me wether you ought to become an Anglican, a Methodist, a Presbyterian, or a Roman Catholic.'' ''I think we must admit that the discussion of these disputed points has no tendency at all to bring an outsider into the Christian fold. So long as we write and talk about them we are much more likely to deter him from entering any Christian communion than to draw him into our own. Our divisions should never be discussed except in the presence of those who have already come to believe that there is one God and that Jesus Christ is His only Son."
37. Ibid., p. 8 : "The danger clearly was that I should put forward as common Christianity anything that was peculiar to the Church of England or (worse still) to myself. I tried to guard against this by sending the original script of what is now Book II to four clergymen (Anglican, Methodist, Presbyterian, Roman Catholic) and asking for their criticism."
38. Ibid., p. 6.
39. Le Conseil Œcuménique des Églises est une communauté d’Églises qui confessent le Seigneur Jésus-Christ comme Dieu et Sauveur.
Telle est la définition lors de sa constitution en 1948. En 1961, des précisions s'ajoutent et des Églises se retirent. Dès lors, il se définit ainsi : Le Conseil Œcuménique des Églises est une communauté fraternelle d’Églises qui confessent le Seigneur Jésus-Christ comme Dieu et Sauveur selon les Écritures et s’efforcent de répondre ensemble à leur commune vocation pour la gloire du seul Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit.
Cf. site du Conseil Œcuménique des Églises - en ligne ici.
40. C.S. Lewis, op. cit., pp. 11s : "I hope no reader will suppose that ''mere'' Christianity is here put forward as an alternative to the creeds of the existing communions-as if a man could adopt it in preference to Congregationalism or Greek Orthodoxy or anything else. It is more like a hall out of which doors open into several rooms. If I can bring anyone in the hall I shall have done what I attempted. But it is in the rooms, not in the hall, that there are fires and chairs and meals. The hall is a place to wait in, a place from which to try the various doors, not a place to live in."
41. J.I. Packer, "Why I Signed ‘Evangelicals and Catholics Together’" (Christianity Today, December 12, 1994) [je souligne son indication d'un enseignement propre à une pièce
et non présente dans le hall
] : "it is the theological conservationists, and they alone - mainly, Roman Catholics and the more established evangelicals - who have resources for the rebuilding of these ruins, and their domestic differences about salvation and the church should not hinder them from joint action in seeking to re-Christianize the North American milieu." "May ECT realistically claim, as in effect it does, that its evangelical and Catholic drafters agree on the gospel of salvation? Yes and no. If you mean, could they all be relied on to attach the same small print to their statement, 'we are justified by grace through faith because of Christ' no. (The Tridentine assertion of merit and the Reformational assertion of imputed righteousness can hardly be harmonized.)" - en ligne ici.
42. Ibidem : "I could not become a Roman Catholic because of certain basic tenets to which the Roman system, as such, is committed (...) So I find the Roman communion, as it stands, unacceptable, just as more than four-and-a-half centuries of Protestants did before me." - en ligne ici.
43. Ibid. [je souligne son indication de l'enseignement commun dans le hall
] : "Propagating the basic faith, then, remains the crucial task, and it is natural to think it will best be done as a combined operation. So togetherness in witness is timely." "It is similarly vital for the health of society in the United States and Canada that adherents to the key truths of classical Christianity - a self-defining triune God who is both Creator and Redeemer; this God's regenerating and sanctifying grace; the sanctity of life here, the certainty of personal judgment hereafter, and the return of Jesus Christ to end history - should link up for the vast and pressing task of re-educating our secularized communities on these matters." - en ligne ici.
44. E.C.T. (1994 - cliquer ici) : "We Affirm Together (...) All who accept Christ as Lord and Savior are brothers and sisters in Christ. Evangelicals and Catholics are brothers and sisters in Christ..." E.C.T. 2 (1997 - cliquer ici) : "We give thanks to God that in recent years many Evangelicals and Catholics, ourselves among them, have been able to express a common faith in Christ and so to acknowledge one another as brothers and sisters in Christ. We confess together one God, the Father, the Son and the Holy Spirit; we confess Jesus Christ the Incarnate Son of God; we affirm the binding authority of Holy Scripture, God's inspired Word; and we acknowledge the Apostles' and Nicene creeds as faithful witnesses to that Word.".
45. E.C.T. (1994 - cliquer ici) : "We reject any appearance of harmony that is purchased at the price of truth." E.C.T. 2 (1997 - cliquer ici) : "In our continuing discussions, we seek no unity other than unity in the truth."
46. E.C.T. (1994 - cliquer ici) : "We do not presume to suggest that we can resolve the deep and long-standing differences between Evangelicals and Catholics. Indeed these differences may never be resolved short of the Kingdom Come. Nonetheless, we are not permitted simply to resign ourselves to differences that divide us from one another. Not all differences are authentic disagreements, nor need all disagreements divide. Differences and disagreements must be tested in disciplined and sustained conversation. In this connection we warmly commend and encourage the formal theological dialogues of recent years between Roman Catholics and Evangelicals." E.C.T. 2 (1997 - cliquer ici) : "In this discussion of witnessing together we have touched on difficult and long-standing problems. The difficulties must not be permitted to overshadow the truths on which we are, by the grace of God, in firm agreement. As we grow in mutual understanding and trust, it is our hope that our efforts to evangelize will not jeopardize but will reinforce our devotion to the common tasks to which we have pledged ourselves in this statement."
47. E.C.T. (1994 - cliquer ici) : Repentance and amendment of life do not dissolve remaining differences between us. In the context of evangelization and “reevangelization,” we encounter a major difference in our understanding of the relationship between baptism and the new birth in Christ. For Catholics, all who are validly baptized are born again and are truly, however imperfectly, in communion with Christ. That baptismal grace is to be continuingly reawakened and revivified through conversion. For most Evangelicals, but not all, the experience of conversion is to be followed by baptism as a sign of new birth. For Catholics, all the baptized are already members of the church, however dormant their faith and life; for many Evangelicals, the new birth requires baptismal initiation into the community of the born again. These differing beliefs about the relationship between baptism, new birth, and membership in the church should be honestly presented to the Christian who has undergone conversion. But again, his decision regarding communal allegiance and participation must be assiduously respected.
There are, then, differences between us that cannot be resolved here. But on this we are resolved: All authentic witness must be aimed at conversion to God in Christ by the power of the Spirit. Those converted-whether understood as having received the new birth for the first time or as having experienced the reawakening of the new birth originally bestowed in the sacrament of baptism-must be given full freedom and respect as they discern and decide the community in which they will live their new life in Christ. In such discernment and decision, they are ultimately responsible to God, and we dare not interfere with the exercise of that responsibility. Also in our differences and disagreements, we Evangelicals and Catholics commend one another to God “who by the power at work within us is able to do far more abundantly than all that we ask or think.” (Ephesians 3)."
48. E.C.T. 2 (1997 - cliquer ici) : "Through prayer and study of Holy Scripture, and aided by the Church's reflection on the sacred text from earliest times, we have found that, notwithstanding some persistent and serious differences, we can together bear witness to the gift of salvation in Jesus Christ." "All who truly believe in Jesus Christ are brothers and sisters in the Lord and must not allow their differences, however important, to undermine this great truth, or to deflect them from bearing witness together to God's gift of salvation in Christ."
49. E.C.T. 2 (1997 - cliquer ici) : "The grace of Christ and the gift of the Spirit received through faith (Galatians 3:14) are experienced and expressed in diverse ways by different Christians and in different Christian traditions, but God's gift is never dependent upon our human experience or our ways of expressing that experience."
50. E.C.T. 2 (1997 - cliquer ici) : "
As Evangelicals who thank God for the heritage of the Reformation and affirm with conviction its classic confessions, as Catholics who are conscientiously faithful to the teaching of the Catholic Church, and as disciples together of the Lord Jesus Christ who recognize our debt to our Christian forebears and our obligations to our contemporaries and those who will come after us, we affirm our unity in the gospel that we have here professed."
51. Déclaration doctrinale de janvier 1995, point 2 : "We understand the statement that 'we are justified by grace through faith because of Christ,' in terms of the substitutionary atonement and imputed righteousness of Christ, leading to full assurance of eternal salvation; we seek to testify in all circumstances and contexts to this, the historic Protestant understanding of salvation by faith alone (sola fide)."
52. Je vous renvoie au livret déjà mentionné de Richard Bennett (1938-2019), "Evangelical Compromise: Evangelicals and Catholics Together" (2020).
53. Pierre Bonnard, L'épître de Saint Paul aux Galates (Commentaire du Nouveau Testament IX ; Neuchâtel, Suisse : Delachaux et Niestlé, 1953, 1972 - 2e édition), pp. 6s.
54. Iain H. Murray, Evangelicalism Divided, A Record of Crucial Change in the Years 1950 to 2000 (Edinburgh, U.K ; Carlisle, U.S.A : The Banner of Truth Trust, 2000, reprinted in 2012), p. 244. : citation de la page 199 du livre Evangelicals and Catholics Together, publié un an après la première déclaration, en 1995.