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De la justification du pécheur
Jésus prit la parole et leur dit : Ce ne sont pas ceux qui sont en bonne santé qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs à la repentance. (Évangile selon Luc 5.31-32)[n1]
Comme indiqué précédemment (lettre Juste ou pécheur
), Jean-Baptiste et Jésus considèrent tous les hommes comme pécheurs devant Dieu. C'est pourquoi la distinction ci-dessus entre justes
et pécheurs
manifeste un désaccord majeur sur la réponse à donner à cette question : qui d'entre eux Dieu reçoit-Il favorablement ?
Une parabole de Jésus
Luc 18.9 Il dit encore cette parabole pour certaines personnes qui se persuadaient d'être justes et qui méprisaient les autres : 10 Deux hommes montèrent au temple pour prier ; l'un était pharisien, et l'autre péager. 11 Le pharisien, debout, priait ainsi en lui-même : O Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont accapareurs, injustes, adultères, ou même comme ce péager : 12 je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tous mes revenus. 13 Le péager se tenait à distance, n'osait même pas lever les yeux au ciel, mais se frappait la poitrine et disait : O Dieu, sois apaisé envers moi, pécheur. 14 Je vous le dis, celui-ci descendit dans sa maison justifié, plutôt que l'autre. Car quiconque s'élève sera abaissé, et celui qui s'abaisse sera élevé. (Évangile selon Luc 18.9-14)
Parallèle
Puisque nous avons déjà parlé des pharisiens et des péagers dans la société juive (cf. lettre avec annexes Juste ou pécheur
), nous pouvons observer ici (Luc 18.10-14a) le contraste entre un juste
bien vu de la société, le pharisien, et un pécheur
mal vu de la bonne société, le péager.
N° | Question | Le pharisien | Le péager |
1 | Religion | Au temple pour prier (18.10) | Au temple pour prier (18.10) |
2 | Posture | Supériorité (18.11-12) | Humilité (18.13) |
3 | Bonnes oeuvres | Le mal qu'il ne fait pas et le bien qu'il fait (18.11-12) |
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4 | Péché | Il se reconnaît pécheur (18.13) | |
5 | Vision de Dieu et de soi |
Dieu accueille les justes (18.11) | Dieu fait grâce à des pécheurs (18.13) |
Il considère sa propre justice comme une preuve de la faveur de Dieu à son égard (18.11) |
Il se tourne vers Dieu en implorant sa grâce (18.13) |
Jésus et Paul
À l'exception de Jésus[n2], il n'est point d'homme sans péché devant Dieu. Nous l'avons souligné en introduction, Jean-Baptiste et Jésus considèrent tous les hommes comme pécheurs devant Dieu, et un apôtre comme Paul ne manquera pas de rappeler cet enseignement constant des Écritures[n3].
Si le soi-disant juste se pense en règle avec Dieu au vu de sa bonne conduite, le pécheur ne peut venir à Dieu qu'en espérant qu'Il lui fasse grâce. Or, c'est ce pécheur qui est justifié, (c'est-à-dire déclaré juste,) aussi bien dans la parabole de Jésus que dans l'enseignement de Paul, par exemple en Éphésiens 2.8-9 : C'est par la grâce en effet que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu. Ce n'est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie.
Voilà résumé cet enseignement de la justification par la foi seule (Sola fide) qui va marquer Luther et tout le protestantisme après lui.
Pas de foi véritable sans changement. Comme Jean-Baptiste, comme Jésus, Paul ne conçoit pas de disciple véritable sans changement radical : nous avons été créés en Christ-Jésus pour des œuvres bonnes que Dieu a préparées d'avance, afin que nous les pratiquions
(Éphésiens 2.10).
T.P., 11 mai 2022
Annexes :
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1. Je citerai (avec certaines corrections limitées, comme pharisien au lieu de Pharisien) la version Segond révisée (dite "Bible à la colombe") accessible en ligne - ici Luc 5.31-32.
2. Se rappeler le refus initial de Jean-Baptiste de baptiser Jésus, vue l'inutilité pour lui d'une quelconque repentance - Cf. Matthieu 3.13-17 : Alors Jésus vint de la Galilée au Jourdain vers Jean, pour être baptisé par lui. Mais Jean s'y opposait en disant : C'est moi qui ai besoin d'être baptisé par toi et c'est toi qui viens à moi ! Jésus lui répondit : Laisse faire maintenant, car il est convenable que nous accomplissions ainsi toute justice. Alors Jean le laissa faire. Aussitôt baptisé, Jésus sortit de l'eau. Et voici : les cieux s'ouvrirent, il vit l'Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Et voici qu'une voix fit entendre des cieux ces paroles : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection.
3. Cf. Paul aux Romains 3.9-18 : Quoi donc ! Sommes-nous supérieurs ? Absolument pas. Car nous avons déjà prouvé que tous, Juifs et Grecs, sont sous (l'empire) du péché, selon qu'il est écrit : [Ec 7.20 :] Il n'y a pas de juste, Pas même un seul ; [Ps 14.1-3 :] Nul n'est intelligent, Nul ne cherche Dieu. Tous se sont égarés, ensemble ils sont pervertis, Il n'en est aucun qui fasse le bien, Pas même un seul. [Ps 5.10 :] Leur gosier est un sépulcre ouvert, Ils usent de tromperie avec leurs langues [Ps 140.4 :] Ils ont sous leurs lèvres un venin d'aspic. [Ps 10.7 :] Leur bouche est pleine de malédiction et d'amertume. [És 59.7s :] Ils ont les pieds légers pour répandre le sang, La destruction et le malheur sont sur leur chemin, Ils n'ont pas connu le chemin de la paix. [Ps 36.2 :] La crainte de Dieu n'est pas devant leurs yeux.