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Christianisme et créationnisme

Cette page est une brève annexe à l'annexe Genèse 1-3 : observations.

De quoi parle-t-on ?

Tout lecteur de la Bible connait sa première phrase : Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre (Genèse 1.1). C'est d'ailleurs par là que débutent les confessions de foi chrétiennes : Je crois en Dieu... Créateur du ciel et de la terre... De ce point de vue, tous les chrétiens peuvent se dire créationnistes. Mais ce terme est apparu avec un sens nouveau et plus restreint à la fin du siècle dernier. En effet, c'est au début des années soixante que des savants s'en sont emparés pour se désigner comme les seuls créationnistes conséquents[n1].

Pour faire bref, leur thèse, que je nommerai néo-créationniste, est qu'une entreprise scientifique bien menée s'accorde avec la création du monde en six jours d'environ 24 heures. Si vous découvrez cette thèse, j'imagine votre surprise et vous invite à prendre un peu de recul pour aborder l'obstacle.

Attention aux épouvantails !

- La science. Du fait que tous les chrétiens attachés aux Écritures confessent la même foi au Dieu biblique, Créateur des cieux et de la terre, il est vite fait d'associer, délibérément ou non, leur créationnisme à l'école néo-créationniste. Or la majorité des scientifiques chrétiens est loin d'en défendre les thèses[n2].

- La Bible. À la lecture de Genèse 1, certains critiques du néo-créationnisme concluent de manière péremptoire : la Science a démontré l'erreur de la Révélation ! Or, que nous révèle ce verdict, outre une sacralisation de la science ? Tout simplement qu'ils interprètent le premier récit de la Bible de la même manière que ceux auxquels ils s'opposent.
Avant d'affirmer que la Bible a tort, il aurait peut-être fallu commencer par prouver le bien-fondé de cette lecture dite naïve ou littéraliste. Et même sans aller jusque-là, une petite enquête superficielle aurait pu être menée, qui aurait permis de constater à quel point l'interprétation de ce récit est débattue, y compris parmi les exégètes les plus attachés à l'inspiration du texte - Je renvoie à l'étude déjà publiée sur ce site : La première tablette de la Genèse.

Avec un peu de recul, le néo-créationnisme n'apparaît donc plus comme le créationnisme, mais comme l'une de ses expressions récentes et contestables[n3].

Pour aller plus loin :

- Henri BLOCHER, Révélation des origines, Le début de la Genèse (Collection théologique Hokhma ; Lausanne (Suisse) : Presses Bibliques Universitaires, 1979), 242 pp.

- Matthieu RICHELLE, Comprendre Genèse 1-11 aujourd'hui (Collection La Bible et son message ; France : Excelsis et Edifac, 2013), 290 pp.

T.P., 15 mars 2021

Annexes :

  1. La première tablette de la Genèse

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1. Henri BLOCHER, Révélation des origines, Le début de la Genèse (Collection théologique Hokhma ; Lausanne (Suisse) : Presses Bibliques Universitaires, 1979), p. 211. Puisqu'ils s'opposent à la science officielle en proposant une alternative, H. Blocher les appelle anti-scientistes.

2. Par exemple, le professeur Jean HUMBERT, agrégé des sciences naturelles, Création Évolution: Faut-il trancher? (Collection Opinions, Méry-sur-Oise, France : Éd. Sator, 1989), 289 pp.

3. Du point de vue de la foi (évangélique), il y a lieu de reconnaître la présence de désaccords - l'un ou l'autre est dans l'erreur -, mais aussi l'absence d'hérésie - tous confessent que Dieu a créé les cieux et la terre.

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