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Genèse 1-3 : observations
Cette page est une annexe à la lettre Création - chute - rédemption
et regroupe de brèves remarques.
- De la communion à l'apostasie
- L'impossible neutralité religieuse
- La révolution religieuse
- À révolte historique, rédemption historique
De la communion à l'apostasie
Les Écritures[n1] présentent deux chefs d'humanité ayant vécu sans péché et en communion avec Dieu : Adam (Genèse 1-2) et Jésus (2 Corinthiens 5.21). Tous deux furent tentés par le diable, le premier y succombant (Genèse 3), le deuxième en triomphant (Matthieu 4.1-11).
Communion | Tentation | Apostasie |
L'alliance d'Éden.2.15 Le SEIGNEUR Dieu prit l'homme et il l'installa dans le jardin d'Eden pour le cultiver et le garder. 16 Et il donna à l'homme cet ordre : De tout arbre du jardin MANGER tu mangeras, 17 mais de l'arbre de la connaissance du bien-et-mal tu ne mangeras pas, car, le jour où tu en manges, MOURIR tu meurs ! (Genèse 2.15-17) |
La tentation en Éden3.1 Or le Serpent était le plus astucieux de toutes les bêtes des champs que le SEIGNEUR Dieu avait faites, et il dit à la femme : C'est vraiment que Dieu a dit :Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin... ! (Genèse 3.1-5) |
La tentation n'est pas la chute Face à la tentation du Serpent, rien ne prédispose Adam, créature toute bonne, à sortir du "oui" au SEIGNEUR Dieu. Comme Jésus plus tard, il aurait dû rester dans la Parole de Dieu et conclure : Retire-toi Satan !(Matthieu 4.10) |
La distinction fondamentale Créateur - Création : Créé en image de Dieu, l'homme vit en communion avec son Créateur dont il voit la bonté en toutes ses oeuvres (Genèse 1.31). Seigneur - vice-roi : le Seigneur installe son vice-roi dans un jardin, le mettant au bénéfice de l'alliance originelle, avec sa permission fondatrice et sa condition protectrice[n2] (Genèse 2.15-17). |
Le monde mythique[n3] En déclarant Dieu mauvais et menteur, le Serpent dénonce non seulement le caractère de Dieu, mais aussi la dépendance "aveugle" des êtres humains à son égard. |
La révolte Au lieu de rester fidèle au SEIGNEUR Dieu en s'opposant au Serpent, l'homme se demande 1) si Dieu sait ou veut, oui ou non, ce qui est bon pour lui, 2) si Dieu lui dit, oui ou non, la vérité sur ce qui arrivera s'il désobéit. Il s'élève en libre arbitre au-dessus des parties, en juge indépendant à même de décider qui, de Dieu ou du Serpent, veut son bien, qui, de Dieu ou du Serpent, lui ment. De facto, il ne se voit plus en sujet du Souverain de l'alliance mais en juge du Seigneur, comme le Serpent (Genèse 3). |
L'impossible neutralité religieuse
Avec la mention de la création toute bonne au commencement, Dieu apparaît comme Origine unique de tous les êtres, y compris du Serpent, simple créature : la vision biblique du monde n'est pas inscrite dans un dualisme religieux. Ainsi, au commencement, l'homme reconnaît sa bonne condition de créature dans la dépendance de son Créateur, il se reconnaît image de Dieu bénéficiant de l'alliance que Dieu instaure avec lui en Éden, il sait que désobéir à Dieu serait occulter la révélation générale de Dieu (toute la Création porte le message "créé par Dieu") comme sa révélation spéciale (Dieu l'a établi en alliance avec Lui).
Si l'homme vit au commencement dans le oui
à Dieu, sa future prétention à l'autonomie, c'est-à-dire à définir par lui-même ce qui est bien et mal, bon ou mauvais (Genèse 3), n'est pas neutre du point de vue religieux. En se faisant juge (du oui
) de Dieu et (du non
) du Serpent, en ne demeurant pas dans le oui
à Dieu, l'homme est passé du oui
au non
, du pour
au contre
à l'égard du Dieu biblique[n4].
La révolution religieuse
En présentant Dieu comme mauvais et menteur,
1- Satan dénonce la distinction Créateur-créature comme invention de Dieu pour imposer sa souveraineté à ses égaux (vous serez comme des dieux
- Genèse 3.5). Il place toutes les personnes (Dieu, l'homme et lui-même) sur le même plan (monisme).
2- Satan oppose un dieu ténébreux (le Seigneur) à un dieu lumineux (lui-même), un dieu qui ment à des aveugles à un dieu qui veut leur ouvrir les yeux (Car Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront...
- Genèse 3.5).
3- Satan fait du mal une composante de la réalité (de Dieu et du monde) et non une corruption de ce qui fut créé bon. Dans le monde du Serpent, le mal est normal.
En affirmant son autonomie,
a- l'homme ouvre les yeux sur ce qui va et ceux qui vont à l'encontre de sa prétendue autonomie : troublé par la présence de l'autre sexe qui incarne le vis-à-vis de Dieu avec l'homme[n5], il se fait des pagnes (Genèse 3.7) ; effrayé par la présence de Dieu, il va se cacher parmi les arbres du jardin (Genèse 3.8-10).
b- l'homme s'est fait juge de Dieu, mais se retrouve jugé par Dieu (Genèse 3.9ss). S'il reconnaît avoir rompu l'alliance, il aggrave son cas en croyant pouvoir s'en expliquer et plaider l'irresponsabilité. Se fondant sur la normalité du mal enseignée par le Serpent (§ 3), il s'excuse en accusant (Genèse 3.11ss) : Ève se justifie en accusant le serpent, Adam se justifie en accusant Ève et Dieu lui-même, qui l'a mise à ses côtés. Dieu s'oppose à ce déni de responsabilité personnelle en jugeant chacun des protagonistes comme pleinement responsable, l'un après l'autre.
À révolte historique, rédemption historique
Avec la création du temps, des espaces et de leurs occupants au commencement[n6], Dieu apparaît comme Origine unique de la Création qu'il soutient jusqu'à maintenant. Avec l'instauration par Dieu d'une alliance avec l'homme, son représentant terrestre, on comprend que c'est dans l'histoire, le temps qui passe, que tout va se jouer, aussi bien la révolte d'Adam que le salut (la rédemption) par Jésus-Christ.
La révolte d'Adam :
- Le premier chef d'humanité, Adam, apparaît non pas comme une figure mythique mais comme une personne inscrite dans l'histoire : il a connu la vie en Éden, puis la mortalité une fois chassé d'Éden (Genèse 3.22-24). Paul soulignera son caractère unique parmi les hommes, avec son passage de l'innocence à la révolte : par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort (...) la mort a régné depuis Adam jusqu'à Moïse, même sur ceux qui n'avaient pas péché par une transgression semblable à celle d'Adam...
(Romains 5.12, 14).
- Jésus distingue également la situation du commencement, où Dieu institua le mariage de l'homme et de la femme, et celle postérieure à la rupture de l'alliance d'Éden, où Moïse concéda la possibilité de divorcer dans un monde pécheur, à cause de la dureté du coeur humain - cf. Matthieu 19.1-9.
Le salut par Jésus-Christ :
- Si Dieu est le Créateur, il est aussi le Rédempteur. En particulier, la Parole de Dieu, qui a tout créé, a été faite homme (cf. Jean 1.1-3, 14). La véritable lumière venue dans le monde, le Fils unique venu du Père, a été annoncée par Jean-Baptiste (cf. Jean 1.8-10, 14-15). Son nom : Jésus-Christ (cf. Jean 1.17s).
- Au temps marqué par Dieu et pour le salut de quiconque vient à lui (cf. Jean 6.37-40), le Fils est né d'une femme, né sous la Loi (cf. Galates 4.3ss), il est mort crucifié sous Ponce Pilate, a été enseveli, est ressuscité le troisième jour (cf. Romains 4.24s ; Romains 5.6-10) puis est monté au Ciel (cf. Hébreux 1.1-4). Il est le chef de l'humanité rachetée.
Pour aller plus loin :
- Henri BLOCHER, Révélation des origines, Le début de la Genèse (Collection théologique Hokhma ; Lausanne (Suisse) : Presses Bibliques Universitaires, 1979), 242 pp. (La deuxième édition revue et augmentée est actuellement diffusée par les éditions Excelsis).
T.P., 11 juin 2021
Annexes :
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1. Je citerai la version Segond révisée (dite ''Bible à la colombe'') accessible en ligne - ici Matthieu 12.30 -, à l'exception du début de la Genèse où sera préférée la traduction par Henri BLOCHER dans son livre Révélation des origines, Le début de la Genèse (Collection théologique Hokhma ; Lausanne (Suisse) : Presses Bibliques Universitaires, 1979), 243 pages.
2. Henri BLOCHER, op. cit., p. 129.
3. Henri BLOCHER, op. cit., pp. 163s : Le récit de la Genèse s'oppose aux mythes par l'historicité qu'il attribue au mal (...) [La Bible] peut affirmer l'entière bonté de Dieu -
Dieu est lumière, il n'y a pas en lui de ténèbres
(1 Jn 1.5) - et que tout l'être vient de lui - tout est de lui, par lui et pour lui
(Rm 11.36) ; les mythes, eux, doivent loger le mal en Dieu ou lui donner le mal pour partenaire dans l'être, dans un polythéisme implicite ou déclaré.
4. Si, dans le cas d'Adam et des hommes après lui, il y a péché, c'est-à-dire révolte contre Dieu, c'est que la situation des hommes comme celle du monde n'a pas changé : les hommes sont restés des créatures en image de Dieu, le monde est resté la Création de Dieu. Qu'on l'ignore ou le conteste, cela demeure par négation de la réalité (cf. Romains 1.18ss).
5. Voir l'article Jésus et l'homosexualité
, partie Au commencement
- à lire ici.
6. Il convient de souligner que le début de la Bible reste un texte disputé (cf. annexe Christianisme et créationisme
).