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Étude > Genèse I > 6 = 3 + 3

6 = 3 + 3 :
Les cieux et la terre - Leur armée

Au vu de la distinction du jour IV des jours I à III (cf. § 4 = 3 + 1), il semble que le récit des six jours se présente comme l'unité des jours I à III suivie du jour IV, consacré aux astres (mobiles inanimés, sans anima s'entend), puis des jours V et VI, consacrés au monde animé, aux animaux et à l'homme.

Autre observation par rapport au jour IV, déjà effleurée (cf. § 6 = 2 + 2 + 2). Outre leur nombre de mots identique et leur inscription dans la première moitié du récit, les jours III et IV du monde inanimé semblent tous deux pensés en rapport avec le monde animé (jours V et VI) :

  1. la deuxième parole du jour III introduit des végétaux, certes immobiles, liés à la terre, mais que l'auteur veut présenter comme proches du monde animé, notamment par la reproduction (semences en eux, fruits, espèces) : le végétal annonce déjà l'animal ;
  2. avec les astres, l'auteur introduit au jour IV l'armée des cieux, certes sans vie, simples instruments aux ordres de Dieu, mais créatures mobiles, à l'instar de celles du monde animé, c'est-à-dire de l'armée dans sa composante terrestre. Nous avons déjà noté que, par ces finalités exprimées pour la création des astres - en particulier servir à dater, et notamment les fêtes (1.14) -, la pensée du lecteur est également orientée vers une créature concernée par ces finalités, c'est-à-dire lui-même - homme créé le jour VI - et sa célébration du sabbat - Dieu chôme le jour VII -.

Ainsi, dès cette première moitié du récit, apparaît la récapitulation finale des six jours (2.1) unissant les cieux et la terre - jours I à III élaborés sur les données du chaos de 1.2 - à leur armée - élaborée en vis-à-vis des premiers jours, le jour IV déjà observé en première moitié du récit, puis les jours V et VI en deuxième moitié du récit, eux-mêmes élaborés en lien avec le verset 1.2 et sa mention de l'Esprit -.

Entre autres correspondances, il est possible de souligner, comme sur le schéma suivant, le vis-à-vis logique des jours d'activité (I-II-III // IV-V-VI) et son jeu sur une même transition de lieux dans chacune d'elles.

1.1 Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre
1.2 Or la terre était informe et vide
et l'obscurité [était] à la surface de l'abîme
et l'Esprit de Dieu planait sur la surface des eaux
1.3-31 six jours
JOUR I : HAUT
Et Dieu dit... La lumière est suscitée en contraste
avec l'obscurité (sur la face de l'abîme en 1.2)
JOUR IV : HAUT
Et Dieu dit... L'étendue des cieux est garnie de luminaires.

JOUR II : HAUT - BAS
Et Dieu dit... L'étendue des cieux est suscitée en séparation
des eaux d'en bas et d'en haut,
(abîme et eaux étant en situation inférieure en 1.2).
JOUR V : BAS - HAUT
Et Dieu dit... Des animaux sont créés pour remplir les eaux d'en bas,
d'autres pour se multiplier sur terre
et voler sur la face de l'étendue des cieux.
JOUR III : BAS
Et Dieu dit... L'apparition du sec - la terre - se fait par retrait
des eaux d'en bas en un lieu - les mers -
(terre comme eaux étant en situation inférieure en 1.2).

Et Dieu dit... Puis la terre se couvre de végétation (herbe, arbres...).

JOUR VI : BAS
Et Dieu dit... Les animaux du sol sont créés.
Et Dieu dit... à Lui-même pour la création de l'homme, image de Dieu.
Et Dieu dit... à l'homme : appel à se multiplier et à dominer
sur la terre et sur tous les animaux.
Et Dieu dit... à l'homme : don de la végétation (herbe, arbres...)
comme nourriture pour lui et les animaux vivant sur terre.
2.1-3 septième jour : Ainsi furent achevés
LES CIEUX ET LA TERRE... ET TOUTE LEUR ARMEE

Le vis-à-vis des jours II et V joue sur les deux tableaux HAUT - BAS (ou si l'on préfère, CIEL - TERRE), mais avec inversion d'orientation. Même si l'intervention du jour II porte sur un élément inférieur du chaos, les eaux de 1.2, c'est l'étendue des cieux suscitée par la parole qui est ici soulignée. À l'inverse, au jour V, l'auteur met l'accent sur les éléments inférieurs ; comme le montre la présentation suivante des versets 1.20-23, son exposé donne priorité aux animaux des eaux sur ceux qui volent sous les cieux (par trois fois), précise que les volatiles volent et abondent sur la terre, et souligne la création des grands monstres marins :

  • Et Dieu dit :
    • Que les eaux grouillent d'un grouillement d'êtres vivants,
    • et que les oiseaux volent sur la terre, sur la face de l'étendue des cieux !
  • Et Dieu créa les grands monstres marins,
    • et tous les êtres vivants qui remuent, dont les eaux grouillèrent, selon leurs sortes,
    • et tous les oiseaux ailés selon leurs sortes.
  • Et Dieu vit que bon
  • Et Dieu les bénit en ces termes :
    • Fructifiez, abondez, et remplissez les eaux dans les mers,
    • et que les oiseaux abondent dans la terre.
  • Et (ce) fut soir, et (ce) fut matin...

Bien d'autres traits de cette impressionnante composition littéraire pourraient être ajoutés. Mais, dans la perspective limitée de notre étude, la quête d'orientation dans le concert des lectures de ce récit, l'exposé de ces quelques lignes devrait déjà éclairer bien des points en débat.

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