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Protestantismes

Cette page est une brève annexe à la lettre La bonne doctrine.

Tu crois qu'il y a un seul Dieu, tu fais bien ; les démons le croient aussi et ils tremblent (Jacques 2.19 )[n1]

Ils croient

Si l'on peut observer ci-dessus que Jacques et les destinataires de sa lettre croient à l'existence et à l'unicité de Dieu (cf. annexe De la croyance), force est de constater qu'ils croient aussi à l'existence de démons personnels, des entités qui
- croient, tout comme eux, qu'il y a un seul Dieu ;
- tremblent, conscientes du jugement qui les attend, contrairement aux hommes que Jacques vise dans sa lettre, inconscients du regard de Dieu sur leur orthodoxie (leur bonne doctrine) stérile, morte.

Ils ne croient pas

Si tout le monde ne croit pas qu'il y a un seul Dieu (sans parler du fait que ceux qui le croient ne pensent pas au même Dieu - cf. annexe De la croyance), tout le monde ne croit pas non plus qu'il y a de tels démons. Ainsi, tout en reconnaissant que le christianisme primitif (et pas seulement primitif[n2]) le croyait, les théologiens libéraux (ou modernistes, non-orthodoxes) pensent généralement qu'il s'agit de figures mythologiques.

Aperçu d'un désaccord

Le désaccord précédent nous permet d'éclairer ici la distinction entre le protestantisme évangélique et le protestantisme libéral ou moderniste (cf. Précis du christianisme). D'un point de vue évangélique, on peut voir le libéralisme théologique :

comme une antichambre de l'athéisme. Si la référence finale de Jacques à des démons (2.19b) est mythologique, pourquoi sa première référence à un Dieu unique (2.19a) ne le serait-elle pas ? À y réfléchir, certains théologiens libéraux se sont découverts déistes, pan(en)théistes, agnostiques ou athées, en rangeant le monothéisme de la Bible et le polythéisme de l'Iliade et de l'Odyssée au rayon des fables et légendes[n3].

comme un magistère. Selon la doctrine catholique, la Parole de Dieu écrite (la Bible) ou orale (la Tradition) parvient au fidèle interprétée par le Magistère (du latin magister, maître), l'autorité enseignante de l'Église romaine (Dei Verbum II-10)[n4]. L'autorité de l'Église est ainsi égale à celle des Écritures et d'une Tradition orale qui n'attend qu'à être formulée[n5].
Au temps de la Réforme, les protestants ramènent l'autorité (ministérielle) de l'Église sous l'autorité des Écritures, la Parole de Dieu (Sola scriptura)[n6]. Or, qu'observons-nous avec l'arrivée du modernisme ? Le retour au magistère de l'Église : le théologien libéral est l'homme de nouvelles traditions dans l'esprit du temps (Zeitgeist), raisons ou expériences sur lesquelles il s'appuie pour nier la fiabilité des Écritures et décider en maître ce qui doit être retenu ou ne le doit pas.

Cela dit, il ne faudrait pas croire que l'air du temps ne pénètre pas, d'une manière ou d'une autre, dans toutes les Églises, même celles qui, comme Jésus (cf. Matthieu 4.1-4), confessent l'autorité et la fiabilité des Écritures[n7].

T.P., 15 mars 2021
Lettre mise en annexe le 10/09/2022

Annexes :

  1. De la croyance
  2. Précis du christianisme

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1. Sauf exception, je mentionnerai la version Segond révisée (dite "Bible à la colombe") accessible en ligne - ici Jacques 2.19.

2. Conseil de lecture : Alain NISUS, Mais délivre nous du mal... Traité de démonologie biblique (Romanel-sur-Lausanne, Suisse : La Maison de la Bible, 2016), 238 pp.

3. Vincens HUBAC, Le libéralisme évangélique, article publié le 4 mars 2014 sur le site ''www.evangile-et-liberte.net'' : C’est surtout la liberté de penser et de croire, pouvant aller jusqu’à la reconnaissance d’un christianisme athée, qui caractérise ce courant chrétien.

4. Article Vue sur Rome § Le prophète sur la page dédiée : cliquer ici.

5. À titre d'exemple récent, la dogmatique mariale découle de l'autorité du Magistère et de la Tradition. Voir l'article Jésus par Marie ? § Actualité de la Vierge sur la page dédiée : cliquer ici.

6. Voir Jean CALVIN, L'institution chrétienne (Éditions Kerygma - Éditions Farel, 1978), livre IV, chapitre VIII, pp. 140 ss. Ainsi § 9 page 148 : Toutefois, entre les Apôtres et leurs successeurs il y a cette différence, comme j'ai dit, que les Apôtres ont été comme les notaires jurés du Saint-Esprit, pour que leurs Ecritures soient tenues comme authentiques, et que les successeurs n'ont d'autre charge que d'enseigner ce qu'ils trouvent être contenu aux saintes Ecritures. Concluons donc qu'il n'est point permis à tous les ministres fidèles de forger de nouveau quelque article de foi; mais qu'il faut simplement adhérer à la doctrine à laquelle Dieu nous a assujettis sans exception. Quand je dis cela, mon intention est non seulement de montrer ce qui est licite à chacun en particulier, mais aussi à toute l'Eglise universelle.

7. À lire : le sujet de l'illusion est abordé dans l'article Évangile selon Jean chapitre 3, Aperçu d'un entretien entre Jésus et Nicodème sur la page dédiée : cliquer ici.
À écouter : la prédication de Marc ATGER, pasteur évangélique, sur l'illusion d'être chrétien (1981) à partir du site Trésorsonore.com : fichier audio en page dédiée (cliquer ici).

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