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La bonne doctrine

Orthodoxie (littéralement : droite opinion)[n1], bonne doctrine, vérité, voilà le thème déjà abordé que nous reprenons ici.

Tu crois qu'il y a un seul Dieu, tu fais bien ; les démons le croient aussi et ils tremblent (Jacques 2.19 )[n2]

Vrai ou faux

Que penseriez-vous d'une personne qui vous dit qu'il y a une bombe sur le point d'exploser dans sa maison et qui s'en amuse comme si de rien n'était ? Soit qu'elle est folle - elle a une bonne information, mais un comportement inconséquent -, soit qu'elle vous ment - son affirmation est fausse et son comportement le prouve. Ainsi, face au contre-témoignage d'une orthodoxie (bonne information) non vécue (mauvais comportement), la tentation peut être forte de jeter le bébé (la bonne doctrine : tu crois qu'il y a un seul Dieu, tu fais bien, Jacques 2.19) avec l'eau du bain (la mauvaise conduite : à quoi bon dire qu'on a la foi, si l'on n'a pas les oeuvres ?, Jacques 2.14). Mais sans bonne doctrine, sans notion de bonne doctrine, on ne parle déjà plus de christianisme.

Les questions de doctrine, du vrai et du faux, sont loin d'être secondaires, et vous avez pu le constater dès la première lettre (cf. Pas de temps à perdre). D'un côté, nous avions des doctrines apaisantes : Rassurez-vous, braves gens, l'enjeu de nos divergences est relatif, voire nul (cf. annexe Tout est relatif !), tout ira finalement bien pour tout le monde (cf. annexe Tous sauvés ?) ! De l'autre, nous avions des mises en garde : Attention à ces miroirs aux alouettes ! Il y a péril en la demeure, fuyez ! En tout état de cause, si les uns voient juste, les autres se trompent.

Du poids des Écritures

En principe. Si l'on s'en tient aux points de vue classiques,
- le théologien évangélique considère la Bible comme le Juge de paix en cas de désaccords dans les Églises : les Écritures y sont l'instance suprême (Sola scriptura) ;
- le théologien libéral (on dira moderniste dans le catholicisme), loin de s'exposer à l'éclairage critique de la Parole de Dieu, se pose en critique éclairé des écrits bibliques - on parle ici de haute critique - (cf. Protestantismes) ;
- le théologien catholique romain considère d'égale autorité et les Écritures et la Tradition (toutes deux Parole de Dieu) et le Magistère chargé de leur enseignement (cf. Vue sur Rome).

Du principe à la réalité. Face au scepticisme et au rationalisme du protestant libéral, face à la Tradition et au Magistère du catholique romain[n3], les Écritures ne pèsent pas lourd. Mais on ne peut non plus ignorer les divergences de lecture entre théologiens reconnaissant l'autorité ultime des Écritures (Sola scriptura), comme Whitefield (calviniste) et Wesley (arminien)[n4], par exemple. Ce qui pose la question de leur unité spirituelle (oecuménisme) et de leur possible ou impossible collaboration.

Vérité et unité

Si les Écritures insistent sur l'importance de la vérité - la bonne doctrine - (Jean 8.31s), elles soulignent aussi l'importance de l'unité qui en découle - la communion - (Jean 17.20-23), malgré la présence de possibles désaccords (Philippiens 3.15s). D'une certaine manière, chaque assemblée de (supposés) disciples - Églises locales, facultés de théologie, conférences, etc. -, repose sur ces deux accords : un accord sur certains points de doctrine et un accord d'être en désaccord sur d'autres. Outre la question de l'oecuménisme - mon avis en annexe Vérité et unité -, cela revient à poser à nouveau la question de la possible ou impossible collaboration.

À suivre...

T.P., 30 décembre 2021
revu le 08 septembre 2022

Annexes :

  1. Tout est relatif !
  2. Tous sauvés ?
  3. Protestantismes
  4. Vérité et unité

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1. Ici les mots orthodoxie et orthodoxe ne sont pas à comprendre en référence à l'histoire du christianisme (les communautés orthodoxes par rapport aux catholiques et aux protestantes), mais en référence à la théologie défendue par telle ou telle communauté (la bonne doctrine par rapport à de mauvaises).

2. Je citerai la version Segond révisée (dite "Bible à la colombe") accessible en ligne - ici Jacques 2.19.

3. Un jour, le pasteur Jacques Blocher (1909-1986) rencontra un théologien catholique qui avait mené une étude sur l'épître aux Romains et qui arrivait aux mêmes conclusions que Luther sur la justification par la foi. Après lui avoir fait part de sa bonne surprise, il l'interrogea sur ce que cela avait changé dans sa foi personnelle. La réponse fut à peu près la suivante : pour ce qui concerne mon accord avec Luther sur l'interprétation de ce texte, j'ai fait mon travail d'exégète ; pour ce qui concerne ma foi, je m'en remets à ce qu'enseigne l'Église.

4. Cf. J.D. Walsh, Wesley Vs. Whitefield, originally published in Christian History Issue #38 in 1993, mis en ligne par le site christianhistoryinstitute.orgcliquer ici.

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